En Inde, Narendra Modi et Rahul Gandhi s’affrontent à propos des … – Le Monde

Le premier ministre est enfin sorti de son silence. Alors que des violences ethniques secouent depuis plus de trois mois l’Etat de Manipur, dans l’est du pays, Narendra Modi a finalement pris la parole devant le Parlement, jeudi 10 août, mis au pied du mur par une motion de censure déposée par l’opposition. Après avoir raillé cette dernière pendant plus de quatre-vingt-dix minutes, le premier ministre a abordé la question sur laquelle tout le monde l’attendait. A bout de patience, plusieurs députés de l’opposition venaient tout juste de quitter l’hémicycle.
« Je voudrais rassurer le peuple de Manipur, le pays tout entier est à vos côtés », a alors déclaré M. Modi, promettant de ramener la paix, devant les élus de la Lok Sabha, la Chambre basse du Parlement. Mais son intervention était largement consacrée à une attaque contre les politiques menées par le Parti du Congrès – aujourd’hui dans l’opposition – au Manipur et dans les Etats du Nord-Est lorsque celui-ci était au pouvoir.
Plus de 150 personnes ont été tuées dans l’Etat de Manipur depuis le mois de mai au cours d’affrontements armés entre la majorité hindoue meitei et la communauté chrétienne kuki. Des dizaines de milliers d’autres ont été déplacées. En dépit de l’envoi de troupes supplémentaires et de l’arrestation de plus de 10 000 personnes, le gouvernement n’est pas parvenu à rétablir l’ordre sur ce territoire, dont la majeure partie reste soumise à un couvre-feu et est privée d’Internet.
La quasi-absence de réaction du premier ministre, pourtant omniprésent sur la scène nationale comme internationale, a poussé l’alliance de l’opposition, baptisée « India », à défier le gouvernement. Depuis des semaines, le Parlement se trouve dans une impasse. Les séances ont été ajournées quasi quotidiennement en raison des protestations sur la question de Manipur.
« Calcul politique »
En juillet, après la diffusion d’une vidéo abjecte montrant une agression contre deux femmes exhibées nues et molestées, le premier ministre avait condamné l’incident, mais il s’était abstenu de s’exprimer sur le conflit en lui-même. « Ce silence en a surpris plus d’un, mais le gouvernement semble avoir fait un calcul politique et il estime que Manipur ne lui sera pas préjudiciable dans le reste de l’Inde », observe Neerja Chowdhury, spécialiste de la politique indienne.
De retour dans l’hémicycle après des mois d’absence, Rahul Gandhi, principale figure d’opposition, a lancé mercredi l’offensive contre le premier ministre. Le député du Parti du Congrès avait été exclu du Parlement en mars après une condamnation en diffamation pour avoir moqué le nom de famille du premier ministre, mais celle-ci a été suspendue par la Cour suprême le 4 août. « Vous avez assassiné l’Inde à Manipur, l’a accusé l’opposant dans une diatribe suscitant les acclamations de ses partisans. Vous jetez de l’essence dans tout le pays. Vous avez jeté de l’essence à Manipur et allumé le feu », a poursuivi l’homme de 53 ans à la tribune. « Vous êtes déterminé à brûler le pays tout entier », a-t-il assené.
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