La Pologne aurait tenté de surveiller un ancien ministre albertain – Radio-Canada.ca

Le gouvernement canadien enquête sur des allégations selon lesquelles la Pologne aurait voulu surveiller un ancien ministre de l’Alberta d’origine polonaise, Thomas Lukaszuk, d’après CBC/Radio-Canada.
D’après ces allégations, le gouvernement polonais aurait renvoyé l’un de ses diplomates en poste à Vancouver, en raison de son refus de recueillir des informations sur les activités sociales et politiques de Thomas Lukaszuk.
Affaires mondiales Canada dit être au courant de ces allégations et prendre l’affaire au sérieux. Dans une déclaration, le Ministère indique qu’il est en contact avec M. Lukaszuk et qu’il évalue les prochaines étapes avec ses partenaires communautaires et de renseignement de sécurité.
Alors que Varsovie dit avoir agi dans le cadre de ses droits, le principal intéressé souligne que cet acte allégué est une violation des protocoles et des accords diplomatiques internationaux, et qu’il porte atteinte à ses droits personnels.
Thomas Lukaszuk souligne qu’il a rejeté les rumeurs selon lesquelles le ministère polonais des Affaires étrangères sollicitait des informations à son sujet et demandait à des personnes de faire de même, car cela [lui] semblait tellement tiré par les cheveux.
Thomas Lukaszuk croit qu’il est ciblé par le gouvernement polonais à cause de son activisme contre le père Tadeusz Rydzyk (ici serrant la main du pape Benoît XVI en 2007).
Photo : Associated Press/L’Osservatore Romano
Les raisons supposées de la surveillance
Thomas Lukaszuk, ancien vice-premier ministre dans le gouvernement progressiste-conservateur d’Alison Redford, croit qu’il est une cible pour son activisme contre un religieux polonais controversé, le père Tadeusz Rydzyk, qui possède des stations de radio et de télévision privées en Pologne.
Le prêtre a été critiqué pour ses sermons homophobes et antisémites, ainsi que pour ses prêches contre l’avortement et l’Union européenne.
En 2020, Thomas Lukaszuk et le groupe de défense des intérêts juifs B’nai Brith ont réussi à convaincre l’archevêché d’Edmonton d’interdire au prêtre de prononcer des sermons lors d’une visite. Ils ont également convaincu une station de radio de Toronto de cesser de diffuser les programmes de sa station de radio, Radio Maryja.
M. Lukaszuk a transmis à CBC/Radio-Canada ce qu’il dit être une série d’échanges de courriels cryptés datés du 13 mars 2022, du 14 juin 2022 et du mois d’avril de cette année entre une division du ministère des Affaires étrangères de la Pologne et le consul général du pays à Vancouver, Andrzej Mańkowski.
En tant que Canadien d’origine polonaise vivant au Canada depuis plus de 40 ans, le fait que le gouvernement [polonais] envoie encore ses fonctionnaires au Canada pour recueillir des informations qui ne sont pas accessibles au public m’a fait froid dans le dos.
CBC/Radio-Canada n’a pas pu vérifier de manière indépendante qu’il s’agit bien de communications officielles. Cependant, le secrétaire d’État polonais, Piotr Wawrzyk, a été vu en train d’aborder les courriels devant une commission parlementaire polonaise à la fin du mois de juillet 2023 dans une vidéo accessible au public.
Dans cette vidéo, des politiciens de l’opposition lui demandent si Andrzej Mańkowski a été licencié parce qu’il ne voulait pas espionner Thomas Lukaszuk.
Un homme politique a lu à haute voix, en polonais, un courriel adressé à M. Mańkowski. Selon une traduction, il disait : Thomas Lukaszuk et leur impact et signification possibles pour la communauté polonaise en Alberta.”,”text”:”Je vous demande de bien vouloir préparer et transmettre, par le canal approprié, une note approfondie au ministère concernant les actions sociopolitiques de M.Thomas Lukaszuk et leur impact et signification possibles pour la communauté polonaise en Alberta.”}}”>Je vous demande de bien vouloir préparer et transmettre, par le canal approprié, une note approfondie au ministère concernant les actions sociopolitiques de M. Thomas Lukaszuk et leur incidence et signification possibles pour la communauté polonaise en Alberta.
Le secrétaire d’État polonais répond qu’il est adéquat de rappeler un consul général qui refuse d’exécuter une mission.
Andrzej Mańkowski n’a pas voulu s’exprimer sur son départ. Dans un courriel, il a écrit : Si vous préparez des documents sur mon licenciement, je ne peux malheureusement pas les commenter.
Il est prévu qu’il quitte son poste à la fin du mois d’août.
Avec les informations de Raffy Boudjikanian et Natalia Weichsel