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Travail, vacances… Comment profiter de l’intelligence artificielle au … – Moustique


À l’heure qu’il est, Ludovic, 39 ans, se la coule douce en Italie avec sa ­compagne et leur fille unique. Au moment de choisir sa destination en mai, il a décidé de faire confiance à l’intelligence artificielle pour l’aider à organiser son voyage. Il insiste: pour l’aider. En aucun cas pour choisir à sa place. Pour ce faire, Ludovic a payé un abonnement ChatGPT à 20 $ par mois. Cela lui a permis d’utiliser l’IA à la mode comme vous ne l’avez jamais testée. Les membres premium ont accès au “Plugin Store” d’OpenAI. Une bou­tique similaire à l’App Store ou au Google Play visible uniquement par les abonnés. Ludovic y a téléchargé le plugin de l’agence de voyages ­Expedia. Celui-ci s’intègre au chat et, en quelque sorte, en limite le spectre. La conversation ne peut désormais s’éloigner du thème du voyage. En contrepartie, l’assistant virtuel se trompe moins, car il n’a accès qu’aux données choisies par Expedia, et non plus à ce que n’importe qui publie sur le Net.

Expedia a interrogé Ludovic. Budget? Mer ou montagne? Note de satisfaction minimale des clients? Le temps de réaction est plus lent que sur la version de base de ChatGPT, mais à chaque intervention, l’agent intelligent émet des propositions, photos à l’appui, ainsi qu’un planning détaillé comprenant les incontournables de la région du lac de Garde et des moments de repos. La plupart des suggestions correspondent aux requêtes, bien que certaines soient à côté de la ­plaque et que certains liens vers le détail des logements ne fonctionnent pas. Ludovic a dû faire le tri, à l’ancienne. Néanmoins, cette “bonne base” lui a permis de réserver l’ensemble de son voyage, du billet d’avion à l’hôtel. Depuis l’Italie, il nous écrit: “Je n’ai eu aucune mauvaise surprise. Le logement, la voiture de location, les activités… tout correspond aux propositions de l’intelligence artificielle”.

Le nouveau Google

Expedia n’est qu’un exemple. D’autres plugins sont disponibles sur le store d’OpenAI (nos ­suggestions en encadré). “ChatGPT et les plugins représentent un bond gigantesque, mais ça reste une aide, rien de plus”, confirme Alexis Safarikas, ­fondateur de The CampFire, une agence de ­conseil aux entreprises spécialisée dans l’IA. Badr Boussabat, président d’AI Together, ­formateur et auteur est sur la même ligne: “ChatGPT est une application généraliste dont le but est de comprendre les usages, mais ce n’est ­probablement pas l’application finale d’OpenAI. L’avenir est sûrement dans les outils spécifiques”.

© Kanar

Vous utilisez déjà des IA lorsque vous surfez sur les réseaux sociaux, communiquez avec des assistants vocaux comme Siri, visitez Amazon.com. ChatGPT s’en différencie, car en conversant avec ce robot, les internautes manipulent une IA de manière active et consciente. Mais même dans ce créneau, OpenAI n’est pas la seule dans la course. Google Bard, par exemple, est un sérieux concurrent. Il se spécialise dans les réponses factuelles et non créatives. C’est un genre de moteur qui prémâche vos recherches Google, avec tous les défauts que cela engendre au niveau du manque de sources et de la finesse d’analyse. Les curieux peuvent en outre essayer dès à présent Stability AI pour la transformation de textes en photos, Jurassic, le robot de AI21 spécialisé dans le storytelling et le marketing, ou ­Character.AI, qui permet de simuler une discussion avec n’importe quelle personnalité – de Joe Bien à Batman -, et Midjourney, générateur d’images.

Ne vous attendez pas à des miracles. Toutes les ­versions sont “expérimentales” et commettent de nombreuses erreurs. “Les assistants virtuels ne seront jamais à moins d’une autre révolution des assistants de vérité. Seulement des assistants de vie pratique”, résume Badr Boussabat.

Plus heureux au boulot?

Si des usages du quotidien existent, c’est dans le milieu professionnel que l’intelligence artificielle a une place à prendre. Selon Manpower, un employeur sur trois l’applique déjà pour le recrutement. Des apps permettent d’optimiser le screening des CV, déterminer l’ordre d’importance des compétences et des expériences, d’automatiser la présélection des candidats. D’autres IA sont pertinentes pour rédiger l’annonce. Demain, elles interviendront lors des interviews et des entretiens d’évaluation de ­compétences, en analysant le discours.

Ces possibilités peuvent effrayer. On le ­comprend et on partage ces inquiétudes. C’est pourquoi nous consacrons une double page de ce dossier aux dangers autour de l’intelligence ­artificielle dans l’éducation et en général. Pour autant, rien ne sert de dramatiser. En France, une enquête de l’agence Hubstop estime que 84 % des sondés consi­dèrent que cette technologie permet d’accélérer les tâches manuelles comme la planification de réunions et la saisie de données. Cela libère du temps pour les aspects stratégiques du travail (64 % des sondés) ou créatifs (62 %). Deux tiers considèrent que l’IA permet de consacrer davantage de temps aux responsabilités qu’ils apprécient dans leur job.

L’IA colle à la peau de l’infirmière

Prenons un exemple concret. Quentin est consultant en relations publiques. “Dans le cadre de la communication interne, l’IA m’aide à formuler des feedbacks constructifs. Je fais des recherches sur Bing Chat (le “ChatGPT” de Microsoft – NDLR) ­lorsque je dois rédiger des communiqués de presse, ou pour m’aider à structurer les informations. Enfin, j’utilise des IA comme traducteurs. Elles comprennent le contexte et emploient des mots, à mon sens, plus pertinents”, résume-t-il. Tous les secteurs sont ­concernés. Le marketing, la vente, la compta, la médecine, la finance… même si à certains égards, des enjeux de respect de la vie privée et de confidentialité de données se posent, notamment parce que les leaders ­mondiaux du secteur sont américains et qu’ils ne sont pas régis par les directives européennes. “Convaincre une banque de laisser à une machine la responsabilité de gérer des informations sensibles n’est pas gagné. Néanmoins, des ­automatisations peuvent être faites pour fournir des codes BIC ou expliquer la démarche en cas de perte d’une carte”, ajoute Alexis Safarikas.

Il prend ensuite l’exemple d’une infirmière à domicile. “Dès aujourd’hui, il lui est possible de ­dicter avec la voix des observations. Le système peut comprendre les informations essentielles et les entrer dans une base de données automatiquement.” Pour cela, Alexis Safarikas utilise deux couches d’IA. “La première est du “speech to text”, de la ­retranscription de l’audio. La seconde, une extraction de données spécifiques. En l’occurrence le nom du patient, le nom des médicaments administrés, les prochaines démarches et des remarques. Cela permet d’améliorer le suivi et les contrôles ultérieurs.

Il n’est pas simple de s’y retrouver en tant que particulier, travailleur et chef d’entreprise, a ­fortiori de PME. L’accumulation de couches d’applications, de plugins et leur automatisation sont complexes. Il est probable qu’à l’avenir leur utilisation soit facilitée et devienne plus intuitive. “On peut modéliser les applications selon les besoins. Par exemple, Deepl, le traducteur concurrent de Google Translate, permet de paramétrer des versions spécifiques. Pour un client, on l’a adapté afin que son IA traduise mieux “you” en anglais par “tu” ou par “vous” selon le contexte”, ajoute le ­fondateur de CampFire.

Toutes les apps peuvent être personnalisées à condition que le propriétaire l’autorise. Ainsi, l’assistant virtuel peut être amélioré, comme l’a fait Expedia. “Il faut bien sûr trouver le juste milieu entre la quantité de données dans le système et la qualité de ces informations, sinon ça ne fonctionnera pas”, rappelle justement le président d’AI Together.

Les IA voleuses d’emplois?

Aucun doute que les grosses boîtes feront appel à des experts pour concocter des outils sur mesure. Avec l’intention de remplacer des humains, des travailleurs, des artistes? Alexis Safarikas rétorque: “Certes, des IA inventent de la musique, des photos, des scénarios. Mais d’une part, les contenus se ­ressemblent tous, or ce qui démarque les artistes, c’est leur originalité. D’autre part, il faut savoir donner au système les bonnes données, imaginer une œuvre dans son esprit. Pour la plupart des peintres, ce sera toujours plus simple de peindre un tableau”. Cette logique s’applique à tous les secteurs, car jusqu’à preuve du contraire, les humains sont les seuls à jouir d’une capacité de jugement et de responsabilité. Et ça fait toute la différence.



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Elodie Dumas

Bonjour, je suis Elodie Dumas, une rédactrice d'articles en ligne qui dévoile le monde à travers ses mots. Ma formation à l'École Centrale de Nantes a façonné ma plume et éveillé ma passion pour l'écriture. Je parcours la toile avec des récits internationaux, explorant la culture, la société, et le monde du crime. Passionnée de sport et de voyages, j'explore aussi les coins les plus reculés. Mon engagement envers la transparence guide chacun de mes articles, apportant une authentique lumière à chaque sujet. Rejoignez-moi dans cette aventure où les mots peignent des images vives de cultures lointaines, de mystères criminels et d'horizons lointains.

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