Valeo a annoncé récemment la suppression de 89 postes (sans calendrier précis) sur son site d’embrayages à Amiens, qui compte actuellement 891 salariés. Ce plan social concerne des employés des fonctions support auxquels s’ajoutent « une centaine d’intérimaires », d’après les syndicats. Pour anticiper la fin des moteurs thermiques en Europe en 2035, le groupe phare de l’ équipement automobile français (20 milliards de chiffre d’affaires en 2022) veut mettre un terme à la production d’embrayages « à sec » pour les voitures thermiques, soit 12 % du chiffre d’affaires – non communiqué – de son site de la préfecture de la Somme.
Cette branche d’embrayages va être délocalisée à Bursa, en Turquie, où Valeo possède déjà trois usines. « Notre projet est de réorganiser le site d’Amiens pour y localiser des technologies d’électrification des véhicules », explique un porte-parole du groupe.
Embrayage « humide »
D’ici à 2025, l’équipementier lancera à Amiens la production d’un triple embrayage « humide » (un système de lubrification qui permet de fluidifier le passage des vitesses) pour les voitures hybrides , dans le cadre d’un contrat avec un gros client européen que ne cite pas Valeo. « Nous avons investi 120 millions ces dix dernières années à Amiens, notamment pour renforcer la production d’embrayages à destination des poids lourds. Pour ce nouveau projet, nous allons investir 46 millions d’euros supplémentaires dans des moyens de production », détaille le porte-parole de Valeo. Ce contrat devrait selon lui « donner de la visibilité » à l’usine picarde sur « une dizaine d’années ».
Ce projet toutefois ne rassure pas les syndicats car l’accord de l’Union européenne sur la fin des moteurs thermiques pour 2035, validé l’an dernier , prévoit également l’arrêt du marché des véhicules hybrides. « Ce contrat ne compensera pas le thermique », affirme Gino Croisy, représentant Force ouvrière Métaux chez Valeo à Amiens. Valeo ne souhaite pas réagir. Sans projet d’embrayages à destination de véhicules entièrement électriques, « l’usine pourrait fermer d’ici à 2030 », redoute le syndicaliste.
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