La situation au Niger continue de cristalliser l’actualité. Les Chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao se sont réunis une nouvelle fois à Abuja, au Nigeria. Ils ont décidé d’activer la force en attente de l’organisation sous-régionale, tout en maintenant la diplomatie, c’est-à-dire dialoguer avec ceux qui disent qu’ils sont au pouvoir à Niamey.
En Côte d’Ivoire, deux déclarations ont retenu notre attention. Celles de l’ancien Président Laurent Gbagbo et de son ex-épouse, Simone Ehivet. Pour eux, il faut écarter l’option militaire de la résolution de la crise nigérienne. Nous les comprenons. Ils ont été dans la position de ceux qui tentent le coup de force actuellement au Niger. En 2010, ils ont tenté, ici même en Côte d’Ivoire, un coup d’État électoral. Que pouvaient-ils donc dire ? Que pouvaient-ils faire d’autre, si ce n’est s’opposer aux décisions de la Cedeao? Position qui s’apparente à un soutien aux hommes en kaki à Niamey. Jeudi, à Abuja, les Chefs d’État et de gouvernement de la sous-région, tout en n’écartant pas la voie de la négociation, ont activé la force en attente. Ce n’est pas le Niger et sa population qui sont attaqués ; mais plutôt les terroristes qui ont pris en otage le Président légal et légitime. Hier matin, sur une radio internationale, un auditeur disait que les Nigériens ont apporté leur soutien aux quelques militaires qui pérorent qu’ils sont les nouvelles autorités. Attention à ces arguments burlesques ! Bazoum aussi dispose de soutien. Les dirigeants de la sous-région doivent maintenir la pression avec cette opération militaire.
La Côte d’Ivoire mobilisera un bataillon, c’est-à-dire un peu plus de 1 000 hommes. Tout le financement est bouclé. Pour nous, c’est la seule voie pour ramener la démocratie au Niger. Il n’y a pas d’autre choix. Nous n’ignorons pas les conséquences pour les populations, parce que les frappes, mêmes chirurgicales, ont toujours des effets collatéraux. Mais les terroristes qui tiennent le Président Bazoum en otage obligent au recours à la force. La Cedeao qui, pour nous, a fait suffisamment preuve de mollesse au Mali, au Burkina Faso et en Guinée, doit arrêter la saignée et éviter l’effet contagion. De sorte que le premier zozo venu, parce qu’il dispose d’une arme, n’enferme plus un Président démocratiquement élu dans un salon de la Présidence pour se proclamer Chef de l’État. C’est un raccourci trop facile et il faut amener les saltimbanques à ne pas le prendre.
L’argument avancé, la détérioration de la situation sécuritaire pour justifier cette prise d’otage, est risible car cela leur incombe. Est-ce le Président qui doit sillonner les rues ou la zone des trois frontières pour traquer les djihadistes ? Rien ne justifie un coup de force, en particulier celui-ci. Le Niger sort progressivement la tête du sous-développement. Voici ce que dit la Banque mondiale sur son économie : ‘’Après la faible croissance du Pib en 2021 (1,4 %), la croissance économique est estimée à 11,5 % en 2022. La production agricole a augmenté de 27 % grâce à une saison des pluies plus favorable que la moyenne et à l’expansion de la production irriguée, ce qui a plus que compensé le déclin de l’industrie minière et manufacturière. Parallèlement, le secteur des services a bénéficié de la politique fiscale expansionniste et de la construction de l’oléoduc qui a stimulé les services marchands et les transports (…) En 2023, la croissance du Pib réel devrait être conforme au potentiel, à 6,9 %, et augmenter encore en 2024 pour atteindre 12,5 %. Ceci est dû au démarrage de la production et des exportations de pétrole à grande échelle, au soutien continu des donateurs et à un programme de réforme économique conçu pour augmenter la productivité globale et renforcer la gouvernance économique, ce qui portera le Pib par habitant à un niveau supérieur de 15% à celui de 2021’’. L’Afrique de l’Ouest ne doit plus être le terreau fertile de l’anarchie. Il faut réinstaller le Président Bazoum. Pax et bonum ! Paix et bien ! .
