Maladie de Lyme : une nouvelle avancée prometteuse dans l’élaboration d’un vaccin – Sud Ouest

Il a l’enthousiasme du chercheur qui enfin a eu la révélation. Alejandro Cabezas-Cruz, chercheur spécialiste en immunologie parasitaire au sein du groupe de travail NeuroPaTick, de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) à Maisons-Alfort, vient de publier dans la revue Microbiome, mieux qu’une piste vaccinale, une petite révolution qui pourrait éradiquer en particulier la maladie de Lyme, qui envoie à l’hôpital, suite à une piqûre de tique, près de 900 personnes chaque année. Les travaux de l’équipe qui a œuvré en collaboration avec l’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) et l’École vétérinaire d’Alfort, a des chances d’être à l’origine d’une nouvelle classe de vaccins, propres à mettre à mal beaucoup de maladies vectorielles : dengue, Zika, chikungunya…
Quelles sont les particularités de la piqûre de tique, et pourquoi est-elle si inquiétante ?
Les tiques se nourrissent de sang, celui des animaux et des humains qu’elles rencontrent, ce sang associé à une salive complexe participent à la transmission de pathogènes divers et nombreux, qui plus est, les tiques sont résistantes, elles vivent plusieurs années parfois., elles s’adaptent à des environnements très divers.
Quel est le principe fondamental de votre recherche qui devrait déboucher sur l’élaboration d’un vaccin ?
Depuis 30 ans que l’INRAE travaille sur la tique et la maladie de Lyme notamment, nous savons que son microbiote est très important, pour le vecteur et les pathogènes, et pour toutes les bactéries qu’elle draine. Notre approche est vraiment innovante : au lieu de considérer l’éventuelle victime, nous nous attaquons à l’hôte. C’est une rupture avec le paradigme classique de vaccination car il a une action qui s’attaque au microbiote des vecteurs, donc la tique et cible directement le pathogène grâce à la création d’anticorps chez l’hôte, la tique en l’occurrence.
Comment comptez-vous rendre le microbiote de la tique moins infectieux ou pathogène ?
En modifiant la composition du microbiote de la tique. Le vaccin injecté à l’humain ou à l’animal, va s’attaquer au microbiote de la tique, le modifier et détruire les agents pathogènes. La transmission de l’infection sera ainsi bloquée. Concernant la maladie de Lyme, le vaccin pourrait limiter la présence de Borrelia, la bactérie dont sont porteuses les tiques à l’origine de cette maladie. Nos expérimentations sur des souris ont bien montré une diminution de la bactérie avec une interaction positive, sans modifier le microbiote de l’hôte.
Combien de temps avant d’en finir avec la maladie de Lyme ?
Au moins une dizaine d’années pour les humains, les processus sont longs, les études cliniques et leur approbation prennent du temps, en revanche ça peut aller plus vite pour les animaux, les vaches et les chevaux notamment. Il y a de nombreux développements prometteurs qui viendront, mais il faut de l’argent, de la visibilité. Cette approche prometteuse offre de nouvelles perspectives pour la prévention des maladies transmises par les vecteurs. Nous avons démontré que l’on peut contrôler les maladies transmises par les vecteurs, dont il y a aussi un espoir pour lutter contre la dengue, chikungunya, Zika… Nous avons même créé un nouveau terme médical : le vaccin anti-microbiote !