Coupe du monde de rugby 2023 : faut-il s’inquiéter des trous d’air du … – Le Parisien

Deux matchs de préparation contre l’Écosse, avec deux compositions d’équipes totalement différentes, et deux résultats opposés (défaite 25-21 à Édimbourg, victoire 30-27 à Saint-Étienne). Mais un point commun dans tout ça : les trous d’air récurrents dans le jeu des Bleus de Fabien Galthié, sanctionnés au tableau d’affichage par l’adversaire (un 22-0 encaissé le week-end dernier, un 17-0 ce samedi à Geoffroy-Guichard).
À moins d’un mois du coup d’envoi de la Coupe du monde, le 8 septembre au Stade de France contre la Nouvelle-Zélande, ces passages à vide français interpellent. « Là, ce n’était pas seulement à la 60e, c’était aussi en début de match (3-10 après dix minutes), ça change. Vous cherchez des trous d’air, vous en trouvez », a tenté d’ironiser le sélectionneur français après le match.
Fabien Galthié reprend vite son sérieux : « Au début, on a été pris de vitesse, pris partout. Puis on reprend le contrôle du jeu, à notre manière, par les bases. Ensuite on a fait des mauvais choix, des erreurs techniques, on se met à déjouer, et on est vite punis. On n’est pas en capacité de maîtriser l’équipe adverse quand on ne maîtrise pas notre jeu. »
Le manque de préparation, la seule explication ?
Le constat de ces manques de maîtrise qui pourraient coûter cher est partagé par ses joueurs. « C’est un peu à l’image de la semaine dernière, reconnaît le talonneur Pierre Bourgarit, qui a joué les deux matchs contre l’Écosse (titulaire puis remplaçant). On a eu un peu, même beaucoup d’indiscipline en fin de partie, pas seulement en prenant des pénalités, même aussi sur la conquête défensive. On a subi les collisions, on a permis à cette équipe d’Écosse de revenir dans le match, on lui a redonné confiance. »
Mais quand vient le moment des explications, on reste un peu sur notre faim. Le seul manque de préparation semble être la cause de ces passages à vide. « J’étais plutôt bien pour un match de reprise… jusqu’à la 55e, après il y a eu une baisse de régime, conçoit Grégory Alldritt. C’est normal, le rythme vient aussi en enchaînant les matchs. On a encore deux matchs de prépa (contre les Fidji le 19 août et l’Australie le 27 août), ce n’est que le début et on va faire le maximum pour arriver prêt début septembre. »
Charles Ollivon, excellent de bout en bout samedi, avance la même explication : il faut encore du temps. « On avait besoin de passer par là, pense le troisième ligne. On fait des matchs de préparations pour ces trous d’air là, pour se préparer, prendre des repères, retravailler physiquement, pour parfois être dans le dur. Ça fait partie de notre chemin. »
Un chemin qui semble toutefois long, sachant que les Bleus sont ensemble depuis le 2 juillet, soit 6 semaines (avec deux semaines de coupures quand même après le premier stage de Monaco). Ce temps-là, consacré en bonne partie au début à la préparation physique, n’aurait-il pas pu être néanmoins mis à profit pour apporter de la constance dans le jeu des Bleus ?
« Plus de questions que de réponses après ces deux premiers matchs »
Pierre Berbizier, ancien demi de mêlée et sélectionneur du XV de France et consultant pour Le Parisien pendant la Coupe du monde, s’en étonne. « Je pensais qu’après les deux essais et les dix minutes de feu en début de seconde période, ça allait bien se passer, estime-t-il. Mais après, il n’y a pas eu de continuité. On renouvelle les mêmes scories. »
« Pour un match de Coupe du monde, seule la victoire compte. Mais pour un match de préparation, on s’attend à voir des plans de jeu, et là, on reste un peu dans l’attente. Sur la défense aussi, on encaisse quand même quatre essais… J’ai plus de questions que de réponses après ces deux premiers matchs », regrette Pierre Berbizier, qui met en garde aussi contre la tendance à « se chercher des excuses à l’extérieur », sur la préparation avancée des Écossais par exemple. « Ça empêche de soulever les vraies questions en interne », prévient-il.
Le point positif dans ces moments difficiles, malgré tout, c’est la capacité de réaction de cette équipe qui semble avoir un mental à toutes épreuves, comme samedi pour aller chercher cette ultime pénalité de Thomas Ramos ou voler une dernière balle en touche. « On a une expérience collective qui nous permet de ne pas paniquer, on est sûrs de nos forces, de quoi on est capable, lance Grégory Alldritt. On sait que 7 ou 10 points à rattraper, on peut le faire. »
Bref, même si ça secoue dans les trous d’air, l’avion des Bleus passe les turbulences. On a déjà pu le voir à l’automne dernier avec des victoires arrachées dans les dernières minutes contre l’Australie (30-29) puis l’Afrique du Sud (30-26). Pour l’instant, ça tient. Mais jusqu’à quand ?