Technologie et Science

Ces inventions techniques qui bonifient le cyclisme – Le Devoir



Qu’on s’en serve pour les déplacements, la détente ou le sport, qu’il soit propulsé par un moteur électrique ou par nos bons vieux quadriceps — ou les deux —, le vélo fait de plus en plus d’adeptes et occupe de plus en plus de place sur nos routes, au grand plaisir des uns ou déplaisir des autres. Aujourd’hui: les avancées technologiques.

Comme tous les triathloniens, l’ingénieur québécois Loïc Sanschagrin-Thouin a développé une obsession pour les statistiques de performance. La natation, le cyclisme et la course à pied se pratiquent contre la montre et pour améliorer ses résultats, l’athlète a besoin de données objectives. M. Sanschagrin-Thouin, qui est ingénieur de formation, a donc inventé un capteur de puissance qui s’installe sur un pédalier de vélo.

« Je suis d’abord un passionné de vélo, explique le grand gaillard rencontré la semaine dernière dans l’incubateur d’entreprises de l’Université de Sherbrooke au campus de Longueuil. La puissance exercée par le cycliste sur les pédales reste une donnée super importante, mais négligée. C’est la combinaison de la force exercée sur la pédale et de la cadence, la vitesse à laquelle le cycliste fait tourner le pédalier. En fait, c’est la seule mesure qui indique la performance directe du cycliste. On peut rouler très vite sans effort, par exemple dans une pente. »

Les balbutiements de son invention remontent à 2015, dans un cours en génie électrique à l’École polytechnique. Il a commencé par fabriquer un odomètre. Après avoir obtenu son diplôme, en 2018, alors qu’il s’entraînait pour une nouvelle saison de triathlon, il a décidé de se lancer en affaires en développant un nouveau capteur de puissance.

Il a fallu des années de besogne à la compagnie LS Tech+, l’aide d’autres professionnels (informaticiens, designers…) et une campagne de socio­financement sur La Ruche pour arriver au produit final baptisé Wattza. Les quelque 70 exemplaires précommandés à 250 $ par les sociofinanceurs seront livrés dans les prochaines semaines. Les clients suivants payeront 200 $ de plus.

Le petit appareil discret de quelques dizaines de grammes s’installe facilement avec une simple clé Allen. Une première version utilisait une plaquette de métal. La seconde, encore plus discrète et moins encombrante, se place sous le pédalier gauche ou droit. L’appareil transmet par Bluetooth des informations sur la cadence, la puissance, mais aussi les calories dépensées, le niveau de fatigue et plusieurs autres données d’entraînement.

« Des capteurs de puissance existent depuis une trentaine d’années pour les cyclistes professionnels et se vendent souvent plus de mille dollars, explique l’inventeur. J’ai voulu démocratiser cet équipement. C’est un appareil qui peut, par exemple, aider quelqu’un à se remettre en forme plus rapidement ou à perdre du poids. »

La révolution électrique

 

Le Wattza s’inscrit dans une vague récente d’innovations techniques qui améliorent les performances et la sécurité du vélo. Jacques Sennéchael, rédacteur en chef du magazine Vélo Mag, en a encore mesuré l’ampleur au Taipei Cycle en mars, une première foire internationale postpandémique de l’industrie (1000 exposants de 90 pays…) inaugurée par la présidente de Taïwan, autre signe de son importance.

« Un vélo reste un vélo, avec deux roues, un cadre, des freins, etc., dit le rédacteur en chef. Mais chaque petit détail est en train de s’améliorer pour faciliter la vie des cyclistes. Le plus évident, c’est l’assistance électrique. C’est vraiment une révolution dont l’impact dépasse largement le cyclisme, en modifiant la mobilité urbaine. »

Le vélo électrique, de plus en plus léger, de plus en plus performant et fluide, étend les distances facilement parcourues tout en élargissant l’accès à ce moyen de transport. « Le vélo électrique efface les obstacles, résume M. Sennéchael. Il n’y a plus de problèmes de côtes, de parcours, de fatigue. Il ne reste plus que l’obstacle de la météo, pour certains. »

Le spécialiste parle d’autres innovations récentes, certaines aperçues au salon de Taïwan. Il mentionne des boîtes de vitesses intelligentes, des systèmes désengageant à distance le moteur en cas de vol, des phares clignotants, des casques munis de phares, des courroies pour remplacer les chaînes, etc. La compagnie Garmin, qui fabrique aussi des capteurs de puissance ou de cadence de coups de pédale et des GPS, propose un radar pour vélo détectant jusqu’à une distance de 140 mètres les véhicules s’approchant par l’arrière.

Un vélo reste un vélo, avec deux roues, un cadre, des freins, etc. Mais chaque petit détail est en train de s’améliorer pour faciliter la vie des cyclistes. Le plus évident, c’est l’assistance électrique. C’est vraiment une révolution dont l’impact dépasse largement le cyclisme, en modifiant la mobilité urbaine.

La start-up française Overade a sociofinancé en début d’année la création d’un puissant feu rouge d’appoint, installé sur le casque ou sous la selle. Il s’allume dès que le frein du vélo est enclenché. Le système fonctionne par radiofréquence. Une version avec clignotants existe aussi pour signaler les virages.

Le fabricant d’ordinateurs Acer va lancer le mois prochain son Ebii, présenté comme le premier vélo assisté par intelligence artificielle. L’engin en alliage léger alimenté par un moteur électrique personnalise l’assistance au pédalage. Le vélo citadin, vendu environ 3000 $, n’a pas de vitesse et ses pneus sont increvables. Il se verrouille automatiquement dès que le propriétaire (et son téléphone) s’éloigne. La pile rechargée en deux heures trente peut aussi alimenter un ordinateur ou un téléphone. Des capteurs détectent les voitures environnantes et avertissent des dangers imminents. Une application fournit des données en temps réel pour constamment améliorer les déplacements.

Des routes voltaïques

 

« Plein de compagnies de voitures commencent à s’intéresser aux vélos électriques, dit encore M. Sennéchael. C’est un signe. On voit se développer une meilleure complémentarité entre les modes de transport. Volvo propose des détecteurs de cyclistes sur ses voitures. L’amélioration technique profitable au vélo ne se fait donc pas seulement sur les vélos. »

Des feux de circulation intelligents existent déjà pour donner la priorité de passage aux véhicules d’urgence ou de transport en commun. Des systèmes en développement visent à fluidifier le trafic aux intersections en fonction des achalandages selon les informations fournies par les véhicules de plus en plus connectés. Les intersections intelligentes devraient aussi accorder la priorité à certains usagers, dont les cyclistes, un peu comme le font (assez théoriquement) les feux pour piétons.

Le développement de routes recouvertes de dalles photovoltaïques n’a pas encore abouti. Le chantier expérimental de la chaussée solaire à Tourouvre, en France, inauguré en grande pompe en 2016, n’a finalement pas été concluant. De nouveaux espoirs concernent maintenant la recharge des véhicules électriques en mouvement par induction électromagnétique à partir de bobines émettrices intégrées à la chaussée. Cette technologie pourrait aussi bénéficier aux vélos électriques.

Loïc Sanschagrin-Thouin devrait en rajouter avec ses autres inventions en plan. Il veut mettre au point un système de changement de vitesse automatique fonctionnant sur commande selon des paramètres choisis par le cycliste. L’entrepreneur triathlonien rêve aussi d’adapter son capteur pour documenter la puissance en natation et à la course.

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Theo Lefevre

Dans le vaste océan du cyberespace, je suis Théo Lefèvre, un Journaliste Web captivé par les histoires qui se tissent à travers les fils numériques. Mon parcours à l'Université Américaine de Paris a façonné ma plume, tandis que mes curiosités se dévoilent à travers la science et la technologie, le monde des affaires, et l'athlétisme. Porté par mon passé de passionné de sport et d'économie, chaque article que je compose est un reflet transparent de mon engagement envers l'authenticité. Joignez-vous à moi pour explorer les méandres de l'innovation scientifique, les intrications du monde des affaires et les défis du terrain d'athlétisme, tout en partageant un voyage honnête et stimulant à travers mes écrits.

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