Steven Guilbeault en Chine : une mission environnementale dans … – Radio-Canada.ca

Alors que les tensions sont vives avec Pékin et que le gouvernement canadien s’apprête à déclencher une enquête publique indépendante sur l’ingérence chinoise, le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, s’envole pour une mission diplomatique en Chine.
Il s’agit de la première visite d’un ministre canadien dans ce pays depuis l’affaire Meng Wanzhou. À la fin de 2018, la Chine avait détenu les Canadiens Michael Spavor et Michael Kovrig en riposte à l’arrestation au Canada, à la demande des autorités américaines, de l’héritière et directrice financière du géant Huawei.
Steven Guilbeault participera du 28 au 30 août prochains à Pékin à la réunion du Conseil de la Chine, un organisme mis en place conjointement par la Chine et le Canada, dans les années 1990, pour aider le gouvernement chinois à développer des politiques environnementales.
En entrevue à Radio-Canada, le ministre Guilbeault n’hésite pas à parler d’un point de départ prometteur pour rétablir les relations entre Ottawa et Pékin. Je pense que ça vaut la peine pour moi d’y aller, pour faire avancer cette collaboration sur le climat, sur la biodiversité, et peut-être aussi commencer à rebâtir des ponts avec la Chine au niveau diplomatique
, dit-il.
Le ministre chinois et moi avons développé cette collaboration où on est capables de s’asseoir à une table malgré nos différends et de parler de sujets difficiles.
Huang Runqiu, ministre chinois de l’Écologie et de l’Environnement, et Steven Guilbeault, ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, en conférence de presse lors de la COP15, en décembre dernier, à Montréal
Photo : La Presse canadienne / Peter McCabe
M. Guilbeault a été invité par son homologue chinois Huang Runqiu, avec qui il a tissé des liens depuis l’organisation conjointe de la COP15. Cette rencontre de l’ONU sur la biodiversité devait se tenir en Chine, mais elle a finalement eu lieu à Montréal en décembre dernier en raison des mesures sanitaires strictes liées à la COVID-19 imposées par Pékin.
La carte de la diplomatie climatique
Il n’empêche que cette mission à caractère climatique se déroule sur fond de vives tensions entre Ottawa et Pékin.
Malgré les allégations d’ingérence de la Chine dans les élections canadiennes, les campagnes d’intimidation et de désinformation de Pékin contre des élus canadiens et l’expulsion de diplomates de part et d’autre, le ministre Guilbeault affirme que l’ampleur de la crise climatique nécessite de travailler avec la Chine, qui est le plus grand émetteur de gaz à effet de serre dans le monde.
Si on organisait une mission commerciale en Chine, je ne suis pas sûr que ça marcherait. Les gens ne comprendraient pas pourquoi on fait ça, croit-il. Mais à la lumière de l’été qu’on a, avec des feux de forêt records et des inondations records, je pense qu’il y a un éveil beaucoup plus important qu’il faut faire quelque chose sur les changements climatiques.
Je soupçonne que les gens vont comprendre que, sur cette question, c’est une bonne idée que le Canada continue d’engager un dialogue avec la Chine.

Le diplomate et ancien ambassadeur canadien, Guy Saint-Jacques. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Hamza Abouelouafaa
L’ancien ambassadeur canadien en Chine Guy Saint-Jacques voit d’un bon œil cette première visite en cinq ans d’un ministre canadien en sol chinois. Il fallait qu’il y ait une première visite
, affirme celui qui a été en poste à Pékin de 2012 à 2016. C’est un sujet neutre parce que, de part et d’autre, on reconnaît que l’environnement et les changements climatiques, la biodiversité, ce sont les enjeux du futur.
Ça s’inscrit dans un processus ou il faut augmenter les contacts, multiplier les occasions de passer des messages pour essayer d’aider la Chine à comprendre qu’elle doit changer.

En novembre 2022, Justin Trudeau a eu un échange avec le président chinois Xi Jinping lors du G20 à Bali, en Indonésie.
Photo : CBC
Selon M. Saint-Jacques, cette stratégie est nécessaire particulièrement en raison de la relation qui s’est détériorée à la face du monde entre le premier ministre canadien, Justin Trudeau, et le président chinois, Xi Jinping, lors du dernier sommet du G20.
Surtout en tenant compte de la piètre qualité des relations entre Justin Trudeau et Xi Jinping, il faut travailler davantage avec nos partenaires pour passer les mêmes messages
, estime l’ancien ambassadeur.
Pas de sujet tabou
Steven Guilbeault assure qu’il n’y aura pas de sujet tabou avec son homologue chinois, mais il ne se fait pas d’illusion. Je ne vais pas là pour régler l’ensemble des dossiers diplomatiques du Canada. Moi, j’ai un petit carré de sable, et c’est dessus que je vais travailler avec eux
, dit-il.
Guy Saint-Jacques estime que c’est l’occasion parfaite pour réitérer de façon ferme les positions du Canada. Guilbeault va sûrement utiliser sa visite pour passer d’autres messages et expliquer les attentes du gouvernement canadien face au gouvernement chinois […], et c’est le temps de passer ces messages”,”text”:”M.Guilbeault va sûrement utiliser sa visite pour passer d’autres messages et expliquer les attentes du gouvernement canadien face au gouvernement chinois […], et c’est le temps de passer ces messages”}}”>M. Guilbeault va sûrement utiliser sa visite pour passer d’autres messages et expliquer les attentes du gouvernement canadien face au gouvernement chinois […], et c’est le temps de passer ces messages
, explique le diplomate.
Le ministre Guilbeault s’attend à ce que Pékin en profite aussi pour passer des messages, notamment dans le dossier de l’ingérence chinoise. J’imagine qu’il va vouloir me dire que la Chine n’a rien à voir là-dedans, et moi, je vais lui dire que nous sommes très inquiets
, résume le ministre canadien de l’Environnement.
Avec la collaboration de Marie Chabot-Johnson