Flamenco, culture et ouverture, des jeunes gitanes d’Agde et de … – Midi Libre

Un groupe de jeunes filles d’un quartier populaire de Perpignan rencontre des Agathoises du cœur de ville. Autour du flamenco, elles renforcent les liens de la communauté gitane tout en s’ouvrant à de nouveaux horizons.
“Uno, annonce la danseuse en faisant un pas de côté, y dos”, ses hanches suivent le mouvement, pendant que ses mains décrivent un élégant arc de cercle. Dans sa robe noire relevée d’une fleur rouge, Coral Ortiz, professeure de danse, transmet les mouvements appris de sa grand-mère à un groupe de jeunes filles. “Je suis fière de mes racines, déclare la Gitane andalouse, je ne veux pas que ça se perde.”
Le langage du flamenco
Elle encadre une rencontre entre des jeunes filles du quartier populaire de Saint-Jacques à Perpignan et des Agathoises du cœur de ville. “C’est un échange culturel entre la rumba catalane et la rumba flamenca, informe la danseuse biterroise. “On ne voit pas souvent les filles, là elles sont mises en avant”, souligne Thierry Patrac face au spectacle. Une dizaine de Perpignanaises se sont déplacées grâce à son association, Génération music, et au travail de Mambo Saadna du Comité d’animation place du Puig (CAPP) de Perpignan.
On vient d’un quartier, mais il faut s’ouvrir, voir d’autres horizons.
Coral Ortiz salue l’initiative : “On vient d’un quartier, mais il faut s’ouvrir, voir d’autres horizons.” Carla, une jeune agathoise, prend le relais du cours de danse. Elle présente son invention : un mix entre le flamenco et la musique hindoue. Inspirée par Bollywood, elle tournoie avec grâce et rend hommage aux origines supposées des gitans. Elle rêve, elle aussi, d’enseigner la danse, ses premiers pas avec les jeunes venues de Perpignan confirment ses envies de “partage et de transmission”.
Partager la culture gitane
Au-delà de la communauté tsigane, l’idée est de préparer une ouverture plus large. “Elles voient que d’autres filles dansent gitane, mais ne sont pas gitanes”, explique Coral Ortiz, qui donne aussi des cours à des personnes extérieures. “Ouverture, partage et échange”, prône Thierry Patrac en observant la démonstration de Carla. “On nous reproche d’être communautaires, mais là, le but, c’est de s’ouvrir à tout le monde, surenchérit Mambo Saadna du CAPP. Ils annoncent des événements qui vont dans ce sens : la 3e édition de À la rencontre entre le 14 et le 16 septembre prochain à Agde, ou le 2e festival D’a Sant Jaume Sem sur la culture gitane à la Casa musicale de Perpignan.
On nous reproche d’être communautaires, mais là, le but, c’est de s’ouvrir à tout le monde.
“Il y a entre 80 000 et 100 000 gitans sédentaires dans le Grand Sud, estime Thierry Patrac. On souffre toujours de discrimination, on veut s’ouvrir aux autres, mais aussi que les autres s’ouvrent à nous.” Après un temps, les jeunes se détendent et se laissent aller sur les notes de musique. Les mouvements sont mieux synchronisés. Les petits et les grands rejoignent les filles sur la piste. “Uno y dos”, ils reprennent les pas tous ensemble.
