Festival international Présence autochtone : clap de fin avec le … – Radio-Canada.ca

C’est une version avancée mais non achevée que présentera la réalisatrice américaine Gwendolen Cates le 17 août au Cinéma du Musée, à Montréal. Le film revisite la « doctrine de la découverte » promulguée au 15e siècle par l’Église catholique et qui a justifié la conquête des terres habitées par les peuples autochtones. « Ça a été un honneur, mais aussi une responsabilité de pouvoir travailler sur ce projet », avoue-t-elle en entrevue.
Dans les cinq dernières années, Gwendolen Cates s’est promenée aux quatre coins du monde pour donner la parole aux experts, mais surtout aux Autochtones qui continuent de subir les conséquences du colonialisme.
La réalisatrice américaine Gwendolen Cates
Photo : Nina Meledandri
Dans ce film de 67 minutes, on suit le parcours de jeunes Autochtones aux États-Unis qui se préparent pour leur réunion avec des responsables du Vatican; le combat d’Autochtones du Guatemala qui se battent en justice contre l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés (OGM) sur leurs terres; ou encore les rassemblements des Maoris en Nouvelle-Zélande pour montrer l’envers de la médaille de la colonisation entamée par l’explorateur anglais James Cook.
On nous transporte ensuite à l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones, à New York, puis en Espagne et au Portugal pour consulter les bulles papales, ces décrets du 15e siècle qui justifiaient la saisie de territoires appartenant à des peuples autochtones.
Quand les bulles papales ont été émises, ce sont toutes les personnes de couleur en dehors de l’Europe occidentale qui ont été ciblées
, rappelle Gwendolen Cates.

L’avocat maya Juan Castro dépose une plainte au nom des communautés mayas du Guatemala.
Photo : Photo fournie par Gwendolen Cates
Tout récemment, la réalisatrice a collaboré avec la musicienne américaine Pura Fé pour créer la bande originale, puis elle a effectué un arrêt à Puerto Rico, dans les Caraïbes, soit le premier endroit à avoir été envahi et attaqué dans l’hémisphère occidental et qui demeure à ce jour une colonie
.
Il resterait tellement d’autres endroits où aller, reconnaît-elle, comme aux îles Canaries et en Afrique, pour rappeler aux gens que ça a été le premier endroit où les Autochtones ont été ciblés
.
La plupart des gens ne savent pas ce qu’est la doctrine de la découverte; on ne l’apprend pas à l’école. Mais lorsqu’on comprend ce que ça signifie, on se rend compte que ça explique beaucoup de choses qui ont des répercussions encore aujourd’hui, que ce soit le racisme, la crise climatique, la politique… La doctrine de la découverte a codifié une vision du monde.
Le savoir autochtone est une science
Il était aussi important pour la réalisatrice d’aborder dans le documentaire les conséquences néfastes de la colonisation sur le climat, car la doctrine de la découverte a balayé d’un revers de la main les savoirs autochtones sur le plan de la biodiversité et de la sauvegarde de l’environnement.
Aujourd’hui, les changements climatiques affectent grandement les peuples autochtones, comme le montrent la déforestation en Amazonie ou encore les feux de forêt au Canada, souligne Gwendolen Cates.
S’inspirer de leurs connaissances serait bénéfique pour atténuer les effets des changements climatiques, car le savoir autochtone est une science.
% de la population mondiale, mais ils parviennent à s’occuper de 80% de la biodiversité de la planète”,”text”:”Les Autochtones ne représentent que 5% de la population mondiale, mais ils parviennent à s’occuper de 80% de la biodiversité de la planète”}}”>Les Autochtones ne représentent que 5 % de la population mondiale, mais ils parviennent à s’occuper de 80 % de la biodiversité de la planète
, poursuit celle qui sera présente pour une troisième fois au Festival international Présence autochtone.
La doctrine existe toujours
En mars dernier, le Vatican a répudié à travers une déclaration la doctrine de la découverte. Ce geste laisse toutefois perplexes certains Autochtones qui apparaissent dans le long métrage. Le Vatican et l’Église catholique ont des siècles de sang sur les mains; ils ne peuvent pas se dédouaner seulement avec une déclaration
, fait valoir Mitch Walking Elk, un Cheyenne-Arapaho qui vit aux États-Unis.
Le Vatican dit qu’il a répudié la doctrine, mais il n’a pas révoqué les bulles papales. Cela signifie que la doctrine existe toujours
, précise la réalisatrice, qui prévoit terminer son documentaire au mois de septembre.

Les membres de l’Indigenous Youth Ceremonial Mentoring Society Nina Berglund (Northern Cheyenne/Lakota) et Rose Whipple (Isanti Dakota/Ho-Chunk) à Rome, où elles ont assisté à une réunion au Vatican documentée dans le film.
Photo : Photo fournie par Gwendolen Cates
À la suite de ces derniers développements, André Dudemaine, cofondateur du Festival international Présence autochtone, considère qu’il était important de présenter ce film en clôture du Festival, puisqu’il aborde esiècle devenue une actualité d’aujourd’hui”,”text”:”une actualité du 15esiècle devenue une actualité d’aujourd’hui”}}”>une actualité du 15e siècle devenue une actualité d’aujourd’hui
.
Il souligne d’ailleurs le travail de Gwendolen Cates, cette documentariste reconnue
qui se distingue par sa façon d’approfondir différents aspects d’un seul sujet
.
La réalisatrice sera d’ailleurs présente à l’occasion du visionnement, le 17 août, au Cinéma du Musée, à Montréal.
Bilan très satisfaisant
Le Festival international Présence autochtone tire bientôt à sa fin et M. Dudemaine se permet de dresser un bilan très satisfaisant
de cette 33e édition. Nos équipes ont été au point. Tout a fonctionné comme prévu. Il y a eu un spectacle d’annulé, mais il a vite été remplacé par un autre
, résume-t-il.
Celui qui est aussi directeur artistique de l’organisme Terres en vues n’a pas encore reçu les données de fréquentation, mais selon lui, le public semble être de retour
après deux années de pandémie. Il ajoute que l’achalandage prépandémique se situait autour de 300 000 visiteurs.

André Dudemaine, cofondateur du Festival international Présence autochtone et directeur artistique de l’organisme Terres en vues
Photo : Michael Patten
Depuis le 8 août, date de début du Festival, il y a eu plusieurs moments marquants, se souvient M. Dudemaine : du moment magique
au Musée McCord lors de la soirée littéraire avec l’écrivain maori Witi Ihimaera à la soirée d’ouverture avec l’activiste inuk Aaju Peter pour une présentation du documentaire Twice Colonized en passant par la prestation de l’artiste métisse Moe Clark sur la place des Festivals, énumère-t-il.
L’organisateur pense déjà à la prochaine édition. Par exemple, il aimerait jumeler la planche à roulettes et l’art, et il prévoit déjà faire appel à des artistes visuels pour créer des séances de peinture sur planches.
M. Dudemaine espère aussi pouvoir augmenter l’offre culinaire, qui était assurée cette année par le chef abénakis Jacques T. Watso dans l’aire de restauration Le Central, sur la rue Sainte-Catherine. De plus, il entend poursuivre la collaboration avec l’Office national du film (ONF) et l’Îlot Balmoral, où, pour une première fois, on avait installé une œuvre de réalité virtuelle.
Une dizaine de prix remis
Mardi, 14 prix ont été remis pour récompenser les artistes et les films présentés lors du Festival.
La réalisatrice kanienʼkehá꞉ka (mohawk) Ellen Gabriel a remporté le prix dans la catégorie Meilleur court métrage canadien – Espaces autochtones/SRC avec son film Kanatenhs – When The Pine Needles Fall. L’œuvre de 22 minutes retrace le combat des femmes qui ont participé à la résistance mohawk durant la crise d’Oka, en 1990.

La réalisatrice Ellen Gabriel lors de la remise des prix
Photo : Michael Patten
La Bourse Trillion, remise à un jeune artiste émergent en arts visuels et métiers d’art, a été décernée à Catherine Boivin. À l’occasion de Présence autochtone, l’artiste multidisciplinaire atikamekw avait présenté son œuvre 6 minutes/km, dans laquelle elle invite les spectateurs dans un jogging méditatif
. Son court métrage avait aussi été projeté en marge du célèbre Festival de Cannes.

L’artiste Catherine Boivin a obtenu la Bourse Trillion.
Photo : Michael Patten
Les lauréats du Prix Air Canada, décerné à des cinéastes autochtones établis au Canada qui ont réalisé un film avec un potentiel de diffusion internationale, verront quant à eux leurs œuvres présentées au Festival international du film de Matera, en Italie, du 30 septembre au 7 octobre prochains.
Parmi ces lauréats, la réalisatrice Marie Clements s’est vu remettre le premier prix avec son long métrage Bones of Crows (L’ombre des corbeaux), qui relate le récit d’une survivante du système des pensionnats pour Autochtones. Marie Clements a également remporté le Prix APTN décerné à un cinéaste autochtone qui s’est distingué pendant l’année.
Pour consulter la liste complète des lauréats, cliquez ici (Nouvelle fenêtre).