Technologie et Science

«L’architecture spatiale permet de penser la relation entre le terrestre et l’extraterrestre» – Libération


Libération, partenaire du nouveau cycle de conférences «les Humains dans l’espace» organisé par la Cité des sciences et de l’industrie, proposera régulièrement articles, interviews ou tribunes sur les sujets abordés. A suivre, la conférence : Architecture spatiale : habiter l’extrême, samedi 25 novembre à 16 heures.

Quel est le point commun entre un gant de cosmonaute et la Station spatiale internationale ? Protéger les humains de l’espace extraterrestre, répondent Christophe Kihm et Anne-Lyse Renon dans leur stimulant manifeste Comment quitter la Terre ? (1). En amont de la rencontre consacrée à l’architecture spatiale à la Cité des sciences, le 25 novembre, les deux chercheurs (l’un est professeur à la Haute école d’art et de design de Genève, l’autre est maîtresse de conférence à Rennes 2) rappellent que la fascination pour le voyage extraterrestre n’a pas attendu les programmes russes et américains des années 50 et 60 (citons entre autres Apollo et son Lunar Excursion Module, Soyouz, qui visait à conduire un cosmonaute soviétique sur la Lune, ou encore Skylab, la première station orbitale terrestre américaine).

Perspectives fécondes

L’imagerie foisonnante liée à l’habitat spatial – simple croquis, dessin scientifique, plans, vue d’artiste, et jusqu’aux chefs-d’œuvre et ratés hollywoodiens – témoigne, dès le début du siècle dernier, de l’intérêt suscité par les architectures pensées pour un environnement pour le moins hostile : l’espace. La capsule, module attaché à une fusée dont elle se détache, est l’une de ses déclinaisons les plus emblématiques. «Les habitats capsulaires sont autonomes, compacts, fermés sur eux-mêmes par une enveloppe externe, mais aussi liés aux structures qui les portent et les propulsent, et reliés potentiellement à d’autres habitats, telles que des stations spatiales», détaille Christophe Kihm.

Si l’habitat capsulaire compte jusqu’à aujourd’hui peu de réalisations mises à l’épreuve du réel, il offre des perspectives fécondes pour l’architecture terrestre. Le collectif Archigram s’en inspire dès le début des années 60, avec ses plans de Capsule Homes et de Plug-in City organisée en unités de vie modulaires. Une poignée d’années plus tard, le métaboliste Kiyonori Kikutake dessine l’atypique Marine City, dont les unités individuelles assemblées autour d’un tronc central donnent l’allure d’une «ruche», d’une «termitière», juge Anne-Lyse Renon : «Ses tours de plusieurs centaines de mètres de haut fonctionnent en vase clos, avec un recyclage d’énergie et de matière évocateur d’une colonie spatiale.» Autres inspirations capsulaires : les Cellules parasites (1963) de Jean-Louis Chanéac, volumes d’habitats temporaires pouvant s’implanter en quelques heures sur les terrasses des habitations, en une alternative critique à la rigidité du bâti. Ou encore la Nakagin Capsule Tower de Kisho Kurokawa et ses 140 capsules de 9 m² venant se fixer à deux tours en béton, comme un manifeste de la nécessité d’optimiser l’espace.

Capacité à s’aliéner

Mais au-delà de ces inspirations terrestres, l’histoire de l’architecture capsulaire semble bégayer. «Depuis les modules soviétiques des années 70, on fait un peu toujours la même chose», sourit Christophe Kihm. A ses yeux, l’architecture spatiale vaut comme outil de déplacement, non seulement physique, mais surtout anthropologique. Si l’une des grandes injonctions du moment appelle à se «décentrer», à sortir de l’anthropocentrisme, le chercheur défend la capacité à s’aliéner, au sens de l’alien, l’étranger. Comment peut-on devenir autre ? «L’architecture spatiale permet de penser la relation irremplaçable, passionnante, entre le terrestre et l’extraterrestre.»

(1) Comment quitter la Terre ? de Jill Gasparina, Christophe Kihm et Anne-Lyse Renon, Head, 2021.



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Theo Lefevre

Dans le vaste océan du cyberespace, je suis Théo Lefèvre, un Journaliste Web captivé par les histoires qui se tissent à travers les fils numériques. Mon parcours à l'Université Américaine de Paris a façonné ma plume, tandis que mes curiosités se dévoilent à travers la science et la technologie, le monde des affaires, et l'athlétisme. Porté par mon passé de passionné de sport et d'économie, chaque article que je compose est un reflet transparent de mon engagement envers l'authenticité. Joignez-vous à moi pour explorer les méandres de l'innovation scientifique, les intrications du monde des affaires et les défis du terrain d'athlétisme, tout en partageant un voyage honnête et stimulant à travers mes écrits.

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