Technologie et Science

Fonte de la cryosphère : des virus millénaires pourraient s’échapper … – National Geographic France


« Pour la plupart des simulations, le résultat final était que l’ancien virus ne pouvait pas s’établir », explique le Dr. Corey Bradshaw, directeur du centre de recherches en écologie internationale à l’Université Flinders au Sud de l’Australie, et co-auteur de l’étude. « Il n’avait pas le bagage génétique pour entrer en compétition avec la nouvelle communauté ». Il était jusqu’alors communément admis que les virus figés dans les glaces, au moment de leur libération, finiraient d’eux-mêmes par mourir, une fois confrontés à d’autres communautés microbiennes ou bactériennes.

Ce que l’on ne voit pas, c’est qu’aujourd’hui, pour la plupart des espèces envahisseuses contemporaines à échelle macro, « il y a plus de 99 % de tentatives de contaminations dans l’environnement qui échouent ». En d’autres termes, chaque jour se déroulent des interactions invisibles pour nos yeux. Des pathogènes tentent de prendre le dessus sur d’autres communautés bactériennes pour infecter des hôtes. La problématique n’est donc pas liée au nombre de tentatives échouées. 

Une corrélation de facteurs intervient alors, pour les microbes, comme pour les virus. Le succès d’une introduction d’un pathogène ancien dans une nouvelle communauté microbienne ou bactérienne se trouve d’abord à l’échelle de « l’individu » qui sera capable, ou non, d’entrer en compétition et de tenir tête suffisamment longtemps à la communauté récente pour l’emporter. Il faut également qu’il y ait un échantillonnage assez important pour qu’une population puisse s’établir. Or Giovanni Strona souligne qu’un « organisme qui a pu survivre dans la glace a aussi de bonnes chances de pouvoir survivre à des communauté organiques modernes ».

Parmi les milliers de simulations effectuées, « 3 % des établissements ont réussi chez le pathogène issu des glaces », explique Corey Bradshaw. L’étude souligne que le deuxième facteur qui entre en jeu est la capacité à proliférer et à durer dans le temps suffisamment longtemps pour intégrer une nouvelle communauté. « Et, pour environ 1 % des cas, cet établissement a affecté la diversité des hôtes microbiens ». Dans la simulation, ce 1 % a suffi à diminuer le nombre d’espèces déjà existantes. Il ne s’agit pas nécessairement du nombre d’individus, mais plutôt de leur diversité. Le plus grand changement alors constaté dans ces prévisions était « une diminution de 30 % du nombre d’espèces bactériennes hôtes ».

Pourquoi ce 1 % qui peut paraître infime est-il si important ? « Ce chiffre est bien plus grand qu’on ne le pensait », s’inquiète Corey Bradshaw. « On considérait jusqu’à présent que plus un virus était séparé d’autres virus, plus ses chances de réintroduction étaient faibles ». Cette tendance est vérifiée. Toutefois, dans de nombreuses simulations, les virus qui s’échappent des glaces ne parviennent certes pas nécessairement à s’établir, mais causent « d’importants dommages » sur la biodiversité microbienne actuelle.

« Des organismes sont constamment libérés dans l’environnement », explique Giovanni Strona. « On estime à peu près à 4 sextillions le nombre de cellules qui sont libérées à mesure de la fonte des glaces, à l’échelle de la planète, chaque année », ajoute Bradshaw. « C’est une estimation équivalente au nombre d’étoiles dans l’univers ». Donc proportionnellement, 1 % d’éléments pathogènes capables de s’établir représente une menace substantielle pour la biodiversité environnante. Il est donc fort probable qu’une propagation virale libérée par les glaces nous impacte dans les prochaines années. « On ne parle pas ici d’une potentielle apocalypse zombie, mais plutôt d’une autre conséquence du réchauffement climatique sur la biodiversité », explique Bradshaw. 



Source link

Theo Lefevre

Dans le vaste océan du cyberespace, je suis Théo Lefèvre, un Journaliste Web captivé par les histoires qui se tissent à travers les fils numériques. Mon parcours à l'Université Américaine de Paris a façonné ma plume, tandis que mes curiosités se dévoilent à travers la science et la technologie, le monde des affaires, et l'athlétisme. Porté par mon passé de passionné de sport et d'économie, chaque article que je compose est un reflet transparent de mon engagement envers l'authenticité. Joignez-vous à moi pour explorer les méandres de l'innovation scientifique, les intrications du monde des affaires et les défis du terrain d'athlétisme, tout en partageant un voyage honnête et stimulant à travers mes écrits.

Related Articles

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button