Tremblement de terre en Charente-Maritime : le chantier de … – Sud Ouest

Dans la torpeur de la canicule, La Laigne est un village fantôme. Vidée de la plupart de ses habitants après le tremblement de terre du 16 juin, la commune s’apprête à accueillir à nouveau un peu de ses administrés. À la sortie de la ville, ce jeudi 24 août au matin, le calme est rompu par les moteurs des tractopelles, l’atmosphère est envahie de poussière. Ici, sur ce bout de terrain appartenant à la Communauté de communes Aunis Atlantique, les travaux ont commencé pour l’installation, d’ici un mois, de 11 familles de sinistrés du séisme dans des mobil-homes…
Dans la torpeur de la canicule, La Laigne est un village fantôme. Vidée de la plupart de ses habitants après le tremblement de terre du 16 juin, la commune s’apprête à accueillir à nouveau un peu de ses administrés. À la sortie de la ville, ce jeudi 24 août au matin, le calme est rompu par les moteurs des tractopelles, l’atmosphère est envahie de poussière. Ici, sur ce bout de terrain appartenant à la Communauté de communes Aunis Atlantique, les travaux ont commencé pour l’installation, d’ici un mois, de 11 familles de sinistrés du séisme dans des mobil-homes. À Cram-Chaban, le manège est le même sur l’ancien stade de football de la commune. Là, ce seront 19 maisons de fortune qui seront disposées.
À La Laigne, un terrain communautaire a été trouvé. À Cram-Chaban, les mobil-homes seront installés sur l’ancien stade de football.
Jean-Christophe Sounalet/ « Sud Ouest »
Cette solution d’urgence concerne ceux dont la maison a été classée « noires », c’est-à-dire trop dangereuses pour être habitables. La cellule « relogement » pilotée par la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS) et la Communauté de communes a confié la maîtrise d’ouvrage à la fondation Diaconesses de Reuilly. Cette dernière a pour mission de rapprocher les offres et les demandes des personnes dans le besoin.
24 familles sont d’accord
Ce jeudi matin 24 août, la cellule « relogement » a tenu sa réunion hebdomadaire. « 180 maisons sont inhabitables en Charente-Maritime, détaille le président d’Aunis Atlantique, Jean-Pierre Servant. À ce jour, 93 familles se sont signalées pour des recherches de logement. 40 d’entre elles ont trouvé une solution d’elles-mêmes. Sur les 50 restantes, une douzaine a pu être logée dans des locations vides ou des chambres chez l’habitant. Le chiffre restant correspond au nombre de mobil-homes qui seront installés. » 24 familles ont déjà donné leur accord pour s’installer dans les modulaires de La Laigne et de Cram-Chaban. Deux hésitent encore.
Le chantier en est encore au terrassement, au raccordement des réseaux d’assainissement, électrique, et téléphone. Les mobil-homes devraient arriver à partir du 15 septembre pour une installation espérée le 18 septembre à La Laigne, le 25 septembre à Cram-Chaban.
À terme, les lieux ressembleront un peu aux « trailers park » américain, ces parcs à mobil-homes. Une laverie commune sera mise à disposition des locataires.
Jean-Christophe Sounalet/ « Sud Ouest »
S’il y a plus de mobil-homes attendus à Cram-Chaban, ce n’est pas parce que la commune compte plus de sinistrés. C’est une question de place. Le terrain de 3 000 m² est plus grand qu’à La Laigne. « Beaucoup de personnes ont trouvé des solutions, confirme Martine Durvaux, adjointe au maire de Cram-Chaban. Mais il faut sans cesse refaire le listing. Celui fourni à la fondation Diaconesses de Reuilly a déjà trois semaines. La situation évolue tout le temps. »
Une solution d’une durée de deux ans minimum
Ces deux terrains ressembleront bientôt à ce que l’on connaît des séries télévisées américaines, les « trailers park », très répandus aux États-Unis. Le mobil-home s’est imposé comme la meilleure solution pour l’État et la Communauté de communes. « L’offre de logements est très faible sur le territoire, ajoute le président d’Aunis Atlantique. Nous avons recensé 55 habitats, dont des chambres chez l’habitant. Ce ne sont malheureusement pas des solutions pérennes. » Triste réalité, cette période de relogement pourrait durer deux ans, si ce n’est pas trois, le temps de restaurer les maisons sinistrées.
Les futurs locataires n’auront pas de loyer à payer les six premiers mois. L’État le fera via son Fonds d’aide pour le relogement d’urgence (FARU). Ils ne devront s’acquitter que des charges. « Les six mois suivants, les loyers seront très faibles », promet Jean-Pierre Servant qui a lancé le recrutement d’un agent à la collectivité pour s’occuper à temps plein de ces dossiers, au cas par cas.
La douloureuse attente des sinistrés
Pour Françoise et Jean-François croisés devant la mairie de La Laigne des cartons sous les bras, la vie en mobil-home, très peu pour eux. « Nous sommes trop vieux pour ça », disent-ils. Leur maison est inhabitable depuis le tremblement de terre, ils ont trouvé une solution, seuls. « On ne nous a jamais rien proposés, reprochent-ils. Au lendemain du séisme, nous avions demandé que l’on vienne bâcher notre toit. Personne n’est jamais venu. Là, nous nous trouvons dans un hébergement provisoire. Nous avons eu très chaud cette nuit, des amis nous lavent notre linge. Nous cherchons quelque chose de mieux pour passer l’hiver à l’abri. On est un peu livré à nous-mêmes. »
Si les compagnies d’assurances avaient promis d’être rapides en juin, force est de constater qu’à ce jour, aucun chantier de reconstruction n’a commencé ni à La Laigne, ni à Cram-Chaban et encore moins ailleurs. Un verdict facile à constater. Dans les deux communes ne règne que le silence.