Criminalité

À Atlanta, Donald Trump soigne la médiatisation de sa comparution … – Le Figaro


Une partisane de Donald Trump, jeudi, devant la prison du comté de Fulton, à Atlanta, en
Géorgie. Jack Gruber-USA TODAY NETWORK via Reuters Connect

DÉCRYPTAGE – L’ancien chef d’État, inculpé pour la quatrième fois, devait effectuer jeudi un bref passage par la case prison.

Washington

Le procureur du comté de Fulton lui avait conseillé de se présenter à la prison vers trois heures du matin, en pleine période creuse. Donald Trump a préféré arriver en fin d’après-midi, sans doute pour être sûr que l’événement soit bien le sujet central des chaînes de télé dans la soirée, à l’heure de grande écoute. L’ex-star de téléréalité transforme désormais chacune de ses comparutions judiciaires en cirque médiatique. Une façon de discréditer les inculpations, de masquer l’humiliation et de jouer les victimes pour attirer les dons de ses partisans. Chaque apparition au palais de justice ou, comme celle qui devait avoir lieu vendredi à Atlanta (Géorgie), à la prison, fait l’objet d’une chorégraphie minutieuse, avec des caméras qui le suivent depuis sa descente de l’avion. Si l’ancien président a choisi d’être «fièrement» arrêté, comme il l’a dit au lendemain du premier débat républicain, c’est aussi pour accaparer l’attention et voler la vedette à ses rivaux.

Il s’agit là de sa quatrième inculpation. Donald Trump est accusé d’avoir organisé une vaste conspiration avec dix-huit autres personnes pour manipuler le résultat du scrutin présidentiel de novembre 2020 en Géorgie. Des accusations que l’intéressé rejette catégoriquement. Contrairement à d’autres juridictions où l’inculpé comparait d’abord devant le tribunal, à Fulton, il doit se présenter à la prison et l’audience avec le juge est prévue un autre jour. Le bureau du shérif a annoncé que le quartier serait «totalement bouclé». Une manifestation pro-Trump était prévue dans la matinée devant l’entrée du bâtiment. Mais, sur les réseaux sociaux, ses partisans affirmaient qu’il s’agissait d’un stratagème du FBI pour les arrêter.

En vertu de la procédure standard, tout individu à son arrivée dans cet énorme bâtiment est scanné pour s’assurer qu’il n’est pas armé, puis il subit un rapide examen médical au cours duquel on le pèse. Il donne ensuite ses empreintes digitales et est photographié de face et de profil. En tant qu’ancien président, qui, en outre, se déplace avec plusieurs gardes du corps, il est cependant possible que Donald Trump ait droit à un traitement de faveur.

Des tee-shirts parodiques

La grande question agitant les médias était de savoir s’il serait soumis à l’indignité du «mug shot», la photo d’identité judiciaire. Lors des trois inculpations précédentes, il y a échappé, car ce type de cliché sert à identifier un criminel ou à localiser un fugitif. Pas vraiment nécessaire dans le cas d’un candidat à la présidentielle. «À moins de recevoir des directives différentes, nous suivrons la pratique habituelle et donc peu importe votre statut, il y aura un “mug shot ”», a déclaré Patrick Labat, le shérif de Fulton. Les autres dix-huit inculpés, jusqu’ici, y ont eu droit. De son côté, l’équipe de Donald Trump a voulu jouer la dérision en faisant imprimer sur des tee-shirts, vendus sur son site internet pour la modique somme de 36 dollars, une fausse photo judiciaire portant la mention «Non coupable». Quant aux réseaux sociaux, ils sont pleins de paris et de spéculations sur le poids de l’ex-président, censé être affiché sur la fiche anthropométrique.

Pour le commun des mortels, la procédure prend en général plusieurs heures. Mais il semblait probable qu’elle soit raccourcie pour Donald Trump. Ses avocats ont négocié par avance lundi le versement d’une caution de 200.000 dollars, ce qui lui permet d’éviter d’être placé en détention provisoire.


Cette prison est un cauchemar en termes de santé publique

Terrica Ganzy, directrice de l’ONG de défense des droits civiques

Il est d’ailleurs préférable qu’il ne s’éternise pas à la prison du comté de Fulton car l’endroit n’a rien d’une villégiature façon Mar-a-Lago. L’établissement fait l’objet actuellement d’une enquête sur ses conditions insalubres, sa surpopulation, sa violence et la force excessive utilisée contre les détenus. Sept personnes sont mortes depuis le début de l’année, dont trois depuis juillet. L’an dernier, un homme de 35 ans a été retrouvé sans vie dans l’aile psychiatrique. L’autopsie a montré qu’il était décédé de «complications dues à une sévère négligence». Il était déshydraté, mal nourri et son corps était infesté de vermine. «Cette prison est un cauchemar en termes de santé publique», a affirmé Terrica Ganzy, la directrice de l’ONG de défense des droits civiques Southern Center for Human Rights.

Cela dissuadera peut-être Donald Trump de violer de manière flagrante les conditions de sa libération. Selon les termes négociés par ses avocats, il n’a pas le droit d’intimider des témoins ou ses co-conspirateurs présumés ni de proférer «des menaces directes ou indirectes». Or il passe son temps, via sa plateforme Truth Social, à attaquer les procureurs et les juges… Lundi, il s’est illustré en traitant la procureur du comté de «ripoux incompétente et hautement partisane».



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Elodie Dumas

Bonjour, je suis Elodie Dumas, une rédactrice d'articles en ligne qui dévoile le monde à travers ses mots. Ma formation à l'École Centrale de Nantes a façonné ma plume et éveillé ma passion pour l'écriture. Je parcours la toile avec des récits internationaux, explorant la culture, la société, et le monde du crime. Passionnée de sport et de voyages, j'explore aussi les coins les plus reculés. Mon engagement envers la transparence guide chacun de mes articles, apportant une authentique lumière à chaque sujet. Rejoignez-moi dans cette aventure où les mots peignent des images vives de cultures lointaines, de mystères criminels et d'horizons lointains.

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