Le documentaire « Rojek » représentera le Canada dans la course à l’Oscar du meilleur film international – Le Devoir

Le percutant documentaire Rojek, réalisé et scénarisé par la Montréalaise Zaynê Akyol, représentera le Canada dans la course à l’Oscar du meilleur film international, a annoncé jeudi Téléfilm Canada.
Pour réaliser ce film, Mme Akyol a passé cinq mois en territoire kurde syrien pour visiter les prisons où se trouvent des dizaines de terroristes impliqués dans des crimes du groupe armé État islamique. D’origine kurde, la cinéaste s’est dite honorée que son documentaire a été choisi par le comité de sélection pancanadien. « Je suis encore sous le choc, j’ai l’impression que c’est irréel », a-t-elle lâché, lors d’une vidéoconférence.
Son équipe devra toutefois attendre au 21 décembre prochain pour savoir s’il fera partie des 15 titres présélectionnés dans la catégorie de l’Oscar du meilleur film international. L’annonce des films officiellement en nomination sera faite près d’un mois plus tard, soit le 23 janvier. La 96e cérémonie des Oscars, elle, sera diffusée le 10 mars 2024.
La réalisatrice a raconté qu’il lui avait fallu « beaucoup de courage » pour faire le documentaire Rojek, qui est narré dans un mélange d’arabe, d’anglais, de français et de kurde. « Ça prend aussi du courage pour le sélectionner », a-t-elle souligné.
D’autant que le film est « exigeant » à regarder, a soulevé Zaynê Akyol. « C’est un documentaire confrontant et qui parle d’enjeux internationaux, mais aussi de l’EI, donc des djihadistes qui sont complètement endoctrinés. Et puis moi en tant que femme kurde qui me positionne en face d’eux pour discuter et essayer de comprendre cet endoctrinement-là, c’est quand même une approche osée. »
Rojek, qui est sorti en salle au Canada le 20 janvier dernier, a été produit par Audrey-Ann Dupuis-Pierre, Sylvain Corbeil et Zaynê Akyol de Metafilms.
Permettre aux documentaristes « d’y croire »
Jeudi, Mme Akyol a réitéré son amour pour les documentaires. « J’en ai toujours fait. Donc [cette annonce], ça permet à beaucoup de documentaristes aussi d’y croire. »
En 2016, elle avait réalisé Gulîstan, terre de roses, où elle accompagnait des combattantes kurdes au front contre le groupe armé EI.
Selon la cinéaste, Rojek a le pouvoir de faire changer certaines politiques. « Ça me rend d’autant plus fière de pouvoir partager ce film-là avec le monde entier », s’est-elle réjouie.