Pour les enseignants, une rentrée scolaire sous le signe de la … – Le Monde

Avant même que le nouveau ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, ait délivré le traditionnel discours aux recteurs, jeudi 24 août, ou donné sa première conférence de presse de rentrée, prévue le 28 août, c’est le chef de l’Etat qui a de nouveau pris la main sur les sujets éducatifs, qu’il érige désormais en « domaine réservé du président ». Dans un entretien au Point publié mercredi soir 23 août, Emmanuel Macron a égrainé de nouvelles annonces : estimant qu’il y a « trop de vacances », il souhaite notamment que les élèves « qui en ont besoin » puissent rentrer à l’école dès le 20 août pour du « rattrapage », ou encore que les programmes d’histoire soient revus pour que la discipline soit « enseignée de manière chronologique » – ce qui, rappellent les professeurs d’histoire, est déjà le cas.
Ces déclarations, qui ont surpris les organisations syndicales, ne manqueront pas de braquer la communauté éducative, alors que ses représentants sont reçus toute la semaine par Gabriel Attal. Le nouveau ministre a promis, lors de sa nomination, d’être un homme de « dialogue », de « proximité » et d’« écoute ». « La confiance que les personnels portent au ministère est un sujet de préoccupation pour moi », assure-t-il au Monde.
Le chantier est de taille, tant les passages de Pap Ndiaye et surtout de Jean-Michel Blanquer rue de Grenelle ont laissé des stigmates parmi les agents de l’éducation nationale, à commencer par les 860 000 enseignants. « Les collègues se disent de plus en plus usés, en colère, désabusés pour certains, et on voit s’étendre une perte de confiance totale envers la parole politique qui est inquiétante », observe Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-UNSA. Un constat partagé par l’intégralité des organisations syndicales et corroboré par le baromètre annuel de l’UNSA, publié fin mai.
Sur les plus de 34 000 personnels ayant répondu à l’enquête, 71 % disent ne pas se sentir « reconnus ni respectés dans leur pratique professionnelle » ; ils étaient 52 % en 2016. Plus de 90 % se disent par ailleurs en désaccord avec les choix de politiques éducatives du gouvernement, contre 65 % avant l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Les orientations actuelles n’emportent l’adhésion que de 2 % des enseignants et de seulement 13 % des chefs d’établissement et 20 % des inspecteurs. « On constate une forme de rupture globale, y compris avec les personnels encadrants », souligne Frédéric Marchand, secrétaire général de la fédération.
Omniprésence du président
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