Coupe du monde de basket : l’équipe de France a toutes ses chances – Libération
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Les dernières joutes internationales de basket masculin ont laissé entrevoir une réjouissante tendance : les Bleus commencent à prendre goût aux podiums. En bronze lors du Mondial 2019, en argent aux JO 2020 puis à l’Euro 2022. Il se pourrait que ce soit encore le cas à l’issue de ce Mondial, coincé entre la Coupe du monde féminine de foot et celle masculine de rugby, et qui démarre en toute discrétion ce 25 août, à cheval entre l’Indonésie, les Philippines et l’île japonaise d’Okinawa.
En réalité, le tournoi a tout d’un piège pour les coéquipiers d’Evan Fournier. C’est vrai, l’équipe de France dispose là d’une occasion en or pour enfin accrocher le titre mondial, qui serait le premier de son histoire. Le contexte leur est favorable : a contrario de bien des prétendants qui présentent des effectifs décimés, le groupe de Vincent Collet est presque au complet et très expérimenté.
Un groupe homogène
Un collectif qui joue ensemble depuis plusieurs années, dont l’acte de naissance remonte au Mondial 2019 – défaite en demi-finales contre l’Argentine après avoir éliminé les Etats-Unis. Ils pourront compter sur leurs sages Nando De Colo (36 ans) et Nicolas Batum (34 ans, capitaine), qui avaient renoncé au dernier Euro dans la perspective de cette Coupe du Monde et des JO 2024. Seuls manquent à l’appel le prodige Victor Wembanyama, qui a priorisé le repos en vue de sa première saison NBA, et le meneur remplaçant Frank Ntilikina, blessé durant la préparation.
Pour le reste, Vincent Collet pourra s’appuyer sur l’ensemble de ses forces vives, à la tête d’un groupe homogène, rompu aux joutes de la NBA (Rudy Gobert, Nicolas Batum, Evan Fournier) et de l’Euroligue (Guerschon Yabusele, Youssoupha Fall, Nando De Colo voire Elie Okobo), outillé derrière et dans la raquette.
Voilà pour le pedigree de la France. Mais où placer le curseur bleu parmi les autres prétendants, alors que rarement la hiérarchie sur un Mondial a été aussi peu lisible qu’à l’approche de cette édition ? Chez la concurrence, il existe une constante jamais démentie : les Etats-Unis ne devraient pas être loin de la première marche. Revanchards, affamés après leur élimination en quart de finale du millésime 2019 face à la France, l’équipe se présente sans ses porte-étendards (Stephen Curry, Kevin Durant, LeBron James, Jayson Tatum, Devin Booker…), avec une équipe C, mais ultra-compétitive compte tenu du réservoir sans fin du basket américain.
Une phase de poule périlleuse
Jeune et audacieuse, la sélection emmenée par les All-Stars Anthony Edwards (Minnesota Timberwolves), Tyrese Haliburton (Indiana Pacers) et Jaren Jackson Jr (Memphis Grizzlies) charrie toutefois son lot d’incertitudes. Un doute évident entoure son vécu collectif, dont les Français pourraient profiter, la plupart de ces joueurs n’ayant jamais joué ensemble. Autre inconnue : son adaptation au basket FIBA (les règles varient un peu de celles qui prévalent en NBA, notamment pour les contacts et la distance de la ligne à 3 points) et sa capacité à répondre au défi qui lui sera proposé dans la raquette.
Les Espagnols, champions d’Europe et du monde en titre, abordent, eux, le tournoi privés d’une bonne partie de leur base arrière, amputés de leurs meneurs d’expérience, Ricky Rubio et Lorenzo Brown. Mission similaire pour la Serbie, qui doit composer sans ses deux atouts maîtres, le MVP de la finale NBA 2023 Nikola Jokic et le poste 1 Vasilije Micic.
Avec les Américains et les Espagnols, les Bleus figurent parmi les favoris, aux côtés de l’Australie et son armada intergénérationnelle (Josh Giddey, Joe Ingles, Patty Mills), de la Slovénie du phénomène Luka Doncic et de l’Allemagne, en pleine progression (Dennis Schroder, les frères Wagner).
L’équipe de France peut tout aussi bien remporter ce Mondial qu’en sortir très vite. La faute au tirage au sort, qui propose aux Bleus un programme des plus périlleux. La providence les a placés dans l’une des poules les plus relevées du premier tour et une entrée en matière face au Canada et ses sept joueurs estampillés NBA, dont les venimeux Shai Gilgeous-Alexander (Oklahoma City Thunder) et R.J. Barrett (New York Knicks). Même sans leur meneur Jamal Murray, champion NBA 2023, les Canadiens ont assuré en préparation, expédiant notamment l’Allemagne puis l’Espagne. Un «gros gros morceau» a résumé Collet en conférence de presse.
Les Lettons, deuxièmes adversaires des Français apparaissent plus abordables, eux qui découvrent la Coupe du monde pour la première fois de leur histoire, sans leur vedette Kristaps Porzingis. Mais Porzingis n’était pas là non plus lorsqu’ils ont compilé 15 victoires en 16 rencontres pour se qualifier. Quant au match face au Liban, les Bleus devraient s’en tirer sans encombres.
Sauf qu’en cas de qualification, ils devraient croiser au deuxième tour l’Espagne et le Brésil. «Il nous faudra plusieurs exploits pour aller en quarts», estime Collet. Et si tel est le cas, sa bande devrait ferrailler soit avec les Australiens et les Slovènes, tous deux demi-finalistes aux JO de Tokyo, ou les Allemands demi-finalistes à l’Euro 2022, avant une potentielle demi-finale contre les Etats-Unis. Un beau hors-d’œuvre en perspective, en attendant Paris.