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Rochefort : les derniers secrets du bagne n’attendaient plus que les … – Sud Ouest


Si le monde économique se réjouit de l’agrandissement prochain d’Airbus Atlantic à la zone de l’Arsenal avec 200 emplois à la clef, le monde de la recherche est tout sourire lui aussi. Un chantier d’archéologie préventive, lancé le 7 août et mené pendant deux mois avant les travaux d’extension, apporte des connaissances nouvelles sur ce site majeur qu’est l’Avant-Garde de l’ancien arsenal de Rochefort.


Certains sols pavés sont parfaitement conservés, comme ici avec l’ancienne salle de convalescence Saint-Jacques à l’hôpital du bagne.

Département de la Charente…

Si le monde économique se réjouit de l’agrandissement prochain d’Airbus Atlantic à la zone de l’Arsenal avec 200 emplois à la clef, le monde de la recherche est tout sourire lui aussi. Un chantier d’archéologie préventive, lancé le 7 août et mené pendant deux mois avant les travaux d’extension, apporte des connaissances nouvelles sur ce site majeur qu’est l’Avant-Garde de l’ancien arsenal de Rochefort.

Certains sols pavés sont parfaitement conservés, comme ici avec l’ancienne salle de convalescence Saint-Jacques à l’hôpital du bagne.


Certains sols pavés sont parfaitement conservés, comme ici avec l’ancienne salle de convalescence Saint-Jacques à l’hôpital du bagne.

Département de la Charente-Maritime

Réserve archéologique

Gwenaëlle Marchet-Legendre, conservatrice de service régional de l’archéologie à la Drac (1), avait conscience des secrets que renfermait ce sous-sol. « L’arsenal de Rochefort présente un potentiel, notamment dans le secteur ouest avec son ancien bagne. Car en métropole, aucun bagne n’a encore été fouillé. Les emprises de ceux de Toulon et Brest sont toujours occupées par une activité, seul celui de Rochefort représente une réserve archéologique dont on ne connaissait pas l’état de conservation. C’est un dossier très important pour la connaissance. »

Voilà pourquoi la conservatrice a jugé qu’un diagnostic d’archéologie préventive s’imposait. Menés par le service départemental de l’archéologie en décembre 2022, les sondages exécutés sur les parcelles promises à l’agrandissement de l’usine laissaient entendre que le sous-sol était encore riche de traces. Et pas qu’un peu. La Drac a alors ordonné des fouilles sur 1,3 hectare, celles qui se déroulent en ce moment. Sous son contrôle scientifique, elles sont réalisées par les archéologues du Département et financés par l’aménageur Airbus Atlantic.

Belles traces

Après trois semaines, qu’a-t-on découvert ? Des murs et des moellons calcaires du milieu du XVIIIe siècle à la fin du XIXe qui délimitent trois zones. D’abord, l’hôpital du bagne, « grand bâtiment rectangulaire avec une citerne et un axe pavé permettant l’écoulement des eaux », annonce Théo Aubry, responsable du chantier. Sur place, l’équipe d’archéologues a même retrouvé des objets en céramique ou en os comme un peigne ou un manche de couteau.

Juste en face se trouvait la scierie où les bagnards découpaient les longues pièces de bois et les échafaudages pour les bateaux construits dans l’arsenal. « Sur les plots réguliers des fondations, on peut dire qu’il y avait un plancher en bois, car on est ici en zone de marais, à 30 centimètres au-dessus de la Charente. On retrouve aussi des traces noires dans l’argile ou du verre fondu, preuve d’un incendie, ainsi que des traces rouges qui montrent la présence de clous », commente Karine Robin, responsable du service départemental d’archéologie.

La scierie laisse apparaître des vestiges de bois qui vont permettre de mieux comprendre comment on construisait les bateaux du temps de l’arsenal.


La scierie laisse apparaître des vestiges de bois qui vont permettre de mieux comprendre comment on construisait les bateaux du temps de l’arsenal.

Département de la Charente-Maritime

Plus précis encore, les fouilles, qui descendent à 80 centimètres de profondeur, ont mis au jour des chutes de bois. « Il sera intéressant de déterminer la nature de ce bois, son essence, sa provenance, sa dureté, sa date d’abattage, autant de renseignements sur la façon dont on construisait les bateaux », s’enthousiasme Théo Aubry.

Outre des voies de circulation pavées exhumées elles aussi, le troisième bâtiment n’est autre que le fameux bagne créé en 1766, qui laisse apparaître son pavage d’origine. Les fouilles révèlent des traces de la cour et des vestiges des bâtiments. Ce n’est qu’1/10e du bagne, le reste ayant été détruit fin 1944 ou recouvert par une construction d’Airbus, mais les découvertes sont éloquentes.

C’est exceptionnel en termes de mémoire sur la rétention

« C’est exceptionnel en termes de mémoire sur la rétention. Ces découvertes vont nous permettre de comprendre comment les bagnards travaillaient, comment on les soignait et comment ils vivaient », commente Gwenaëlle Marchet-Legendre. Karine Robin et Théo Aubry exultent eux aussi. « Ces révélations, qui seront comparées aux données historiques connues, vont permettre de compléter la connaissance sur le fonctionnement du bagne et son organisation interne. »

Tout sera détruit

Mais les fouilles, qui montrent une superposition de constructions sur trois siècles, permettent aussi de comprendre l’évolution de l’industrie navale à Rochefort, passant des bateaux en bois aux croiseurs en acier. Car les autres découvertes sont en lien avec l’agrandissement de l’arsenal après la fermeture du bagne en 1852, en plein renouveau industriel. Ainsi, par exemple, l’ancien bagne deviendra la chaudronnerie tandis que l’ancienne salle des convalescents deviendra l’atelier de décatissage.

Magnifique vestige au sol d’un pavage de calcaire et d’un système découlement des eaux.


Magnifique vestige au sol d’un pavage de calcaire et d’un système découlement des eaux.

Département de la Charente-Maritime

Si, aujourd’hui, l’archéologie révèle ces traces précieuses, c’est pour les sauvegarder par l’enregistrement, l’étude et l’interprétation. Ensuite, hélas, ce patrimoine sera englouti sous les futurs bâtiments d’Airbus Atlantic à qui la Drac a quand même demandé de modifier son projet pour en minimiser l’impact sur les vestiges.

(1) Direction régionale des affaires culturelles



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Hugo Dupuis

Dans un monde peint de nuances d'encre et d'imagination, je suis Hugo Dupuis, un Spécialiste du Blogging, en équilibre à la croisée de l'exploration et de l'expression. Avec les salles de l'Institut Catholique de Toulouse comme ma creuset créatif, j'ai forgé un chemin où les mots deviennent des fenêtres ouvertes sur des contrées indomptées. Du plateau géopolitique à la délicate tapisserie de la nature, de l'arène rugissante aux couloirs secrets du divertissement, mon clavier danse au rythme des histoires en attente d'être racontées. La transparence est mon étoile guide, illuminant chaque récit de la brillance de l'authenticité. Alors, entrez dans ce royaume d'encre et d'idées, alors que nous nous embarquons ensemble dans un voyage à travers le labyrinthe de la politique mondiale, la symphonie de l'environnement, le frisson du sport et l'énigme du showbiz.

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