Cinéma : le réalisateur toulousain scrute l’adolescence dans « Super bourrés » – LaDepeche.fr

Tourné dans le Gers et produit par un Tarnais, « Super bourrés » le premier film made in Occitanie du Toulousain Bastien Milheau, s’intéresse à la période de l’adolescence et aux choix qui déterminent les chemins de vie.
Quel a été votre parcours ?
Bastien Milheau : Je suis né à Toulouse et j’ai grandi à Castanet où nous avons fait une avant-première à Ciné 113 en plus de celle de Toulouse. J’aurais pu faire l’ENSAV qui est une très belle école, rue du Taur, et qui a une très bonne réputation. J’étais en prépa à Saint-Sernin, donc pas très loin mais je suis parti à Paris pour suivre une formation d’assistant-réalisateur et j’ai ensuite fait la Fémis (École nationale supérieure des métiers de l’image et du son, NLDR) où j’ai intégré le département scénario pendant quatre ans. J’ai obtenu le diplôme qui m’a amené jusqu’à ce premier film après plusieurs courts-métrages. Mon premier « L’Enlèvement de Bernard Rattez » a été tourné dans le Tarn. C’était en quelque sorte l’ébauche du travail sur les décors et avec les non-professionnels poursuivi avec « Super bourrés ». On avait fait jouer un éleveur de canards, qui n’est pas du tout acteur, et on lui a
refait un clin d’œil dans le film puisqu’il est également présent.
Écrire un scénario est une chose mais, trouver les aides pour monter le film a-t-il été aisé ?
B. M. : Franchement aujourd’hui dans le cinéma rien n’est facile. La France aide beaucoup les premiers films, c’est un gros privilège. Malgré ça, réaliser un film reste un sacerdoce, il y a beaucoup d’étapes à passer, de portes qui sont fermées. Donc, même pour un premier film, c’est toujours un peu une aventure, c’est aussi le travail de mon producteur Simon Bleuzé, avec qui on est allés toquer à des portes, on est allés voir des guichets et on a réussi à convaincre des gens mais ce n’était pas facile. La Région Occitanie, le département du Gers ont participé au financement du film.
Votre film évoque l’adolescence, moment charnière des choix à opérer qui vont marquer des vies…
B. M. : L’adolescence c’est le moment où on doit se décider à partir ou rester, ça dépend des cas. Et dans ceux des personnages Janus (Pierre Gommé) et Sam (Nina Poletto) il y a une forme de déterminisme mais le film raconte que l’on peut casser ça. Le film parle aussi de transmission et donc le déterminisme opère aussi par transmission, l’expression « De père en fils » est toujours d’actualité, on transmet du bien, de la terre, des valeurs, donc ça influe sur les choix de vie des adolescents. En l’occurrence à la fin du film on l’interprète comme on veut mais il y a aussi une ouverture sur le fait de se libérer du destin qu’on a pour soi, de faire éventuellement autre chose et même de pouvoir hériter de la transmission de quelqu’un d’autre pour s’émanciper aussi ailleurs.
La figure de Jean Lassalle pour incarner le rôle du grand-père s’est-elle imposée à vous ?
B. M. : Ça n’a pas été une évidence parce qu’en fait au départ on avait beaucoup de castings non professionnels et on avait réfléchi, forcément, à intégrer un maximum de personnalités du Sud-Ouest dans ce projet parce que c’était un parti-pris de l’inscrire dans un terroir. On avait aussi pensé à Francis Cabrel. Et donc en fait on a lancé une bouteille à la mer et Jean Lassalle a répondu sur le tard et ça a été une surprise. C’est un raconteur d’histoires et on n’était pas dans un rôle de composition.
Par contre, le choix de Vincent Moscato paraît tout à fait naturel…
B. M. :Lui, on l’entend jouer tous les après-midi sur RMC donc on sait qu’il est bon, théâtral et bon en même temps. Il s’est régalé avec les deux acteurs, on s’est beaucoup amusé. En plus de sa faculté quand même d’apprendre le texte, il était capable d’avoir à la fois le côté comédien avec le scénario et en plus d’être généreux et de nous offrir du rabe. Son autre partenaire de jeu c’était Barbara Schulz (qui joue la maire du village et la mère de Janus) donc ce sont deux univers totalement opposés mais de la même manière, la rencontre a fait des étincelles aussi donc je pense que ce tournage a été une bonne expérience pour tout le monde, même pour Pierre et Nina pour lesquels l’équipe était aux petits soins.