Le mouvement défendant les droits de l’Homme appelle à réglementer la production, le commerce et l’usage des armes utilisées pour le maintien de l’ordre.
Communiqué d’Amnesty International du 22 août 2023 :
Alors que certaines manifestations se transforment en cortèges funèbres en France et dans le monde, Amnesty International lance une campagne en ligne et d’affichage pour alerter sur la dangerosité des armes utilisées en manifestation par les forces de l’ordre et appeler à signer une pétition mondiale visant à en réglementer la production, le commerce et l’usage. « Aujourd’hui tout coûte un bras, sauf manifester qui coûte aussi un œil » est l’un des messages de la campagne au ton incisif qui sera lancée en ligne au cours de la semaine du 22 août 2023, puis en affichage urbain dans cinq grandes villes de France à Paris, Bordeaux, Lyon, Marseille et Nantes, à partir du 28 août 2023.
En France et dans beaucoup d’autres pays, se multiplient les drames liés à l’usage d’armes dîtes « à létalité réduite » comme les lanceurs de balles de défense LBD40, les grenades lacrymogènes ou les grenades explosives. Nous interpellons le public et l’invitons à signer l’appel pour l’instauration urgente d’un traité international juridiquement contraignant pour réglementer la production, le commerce et l’usage de ces armes d’une dangerosité telle qu’elles peuvent mutiler et tuer.
“Cette campagne vise à alerter sur l’urgence de réglementer le commerce et l’utilisation d’armes à létalité réduite qui ont, rien qu’en France, gravement mutilé des dizaines de personnes et conduit à plusieurs décès. Si la France doit signer et inciter les autres pays à signer enfin un traité contraignant, elle doit aussi agir dès maintenant en suspendant l’utilisation du LBD40 en manifestations et en interdisant par ailleurs deux grenades particulièrement dangereuses*, comme nous le demandons depuis de nombreuses années” affirme ainsi Jean-Claude Samouiller, Président d’Amnesty International France.
Les signatures recueillies en France et dans le monde entier seront remises au printemps 2024 lorsqu’une résolution sera discutée à l’Assemblée générale des Nations unies pour encadrer ces armes.
Dans le rapport « Mon oeil a explosé » : l’utilisation abusive des projectiles à impact cinétique dans le monde », publié conjointement avec la fondation de recherche Omega en mars dernier, Amnesty International a documenté l’usage généralisé, abusif et non conforme au droit international de ces armes de maintien de l’ordre dans plus de 30 pays sur les cinq dernières années. Ce rapport révèle que des milliers de manifestants et de passants ont été mutilés** et des dizaines d’autres tués à la suite de l’utilisation souvent injustifiée ou disproportionnée, notamment des projectiles à impact cinétique, comme les balles en caoutchouc, ainsi que des tirs de chevrotines recouvertes de caoutchouc et des grenades lacrymogènes lancées directement vers des manifestants.
Pour rappel, Amnesty International et la fondation de recherche Omega font partie des 30 organisations qui demandent un traité contre le commerce des instruments de torture soutenu par les Nations unies. Il s’agit d’une part d’interdire la fabrication, le commerce et l‘utilisation des armes de maintien de l’ordre intrinsèquement abusives, dont le seul but est d’infliger la torture et les mauvais traitements (matraques à pointes, menottes lestées pour les jambes, ceinture à impulsion électrique etc.), et, d’autre part, d’instaurer des contrôles stricts sur le commerce des armes à létalité réduite pouvant servir un objectif légitime de maintien de l’ordre.
* GENL (Grenade de désencerclement) et GM2L (Grenade Modulaire à 2 effets lacrymogènes)
** Déchirement du globe oculaire, décollement de la rétine, perte totale de la vision, fractures du crâne et d’autres os, lésions cérébrales, ruptures d’organes et hémorragies internes, perforations du cœur ou des poumons à la suite de côtes cassées, les lésions sur les organes génitaux.
