Technologie et Science

Mieux comprendre l’enjeux des biotechnologies (Livre) – The European Scientist FR


Ces exactions, en effet, qui bénéficient d’une grande mansuétude judiciaire en France, ont été encouragées par la complaisance, voire la complicité, du monde politique. En marge du Grenelle de l’environnement de 2007, un accord fut passé entre la Présidence de la République et les élus de la mouvance de l’écologie politique (aujourd’hui le parti EELV Europe Écologie Les Verts) dont le Premier ministre du gouvernement français en exercice cette année-là a témoigné dans un ouvrage (2). Cet arrangement consistait à sacrifier les cultures OGM sur le territoire national contre une neutralité envers le nucléaire : un marché de dupes puisque la centrale nucléaire de Fessenheim a été fermée en 2020 (3) en raison, là aussi, d’accords politiciens.

Depuis 2007, en France et dans l’Union européenne, il y eut, au mieux, une incompréhension des enjeux biotechnologiques, au pire une certaine lâcheté et une démission devant les activistes environnementalistes, voire une connivence qui ont conduit à infléchir la réglementation européenne sur les OGM afin de faciliter le refus de cette technologie. Aujourd’hui, les OGM agricoles sont uniquement cultivés dans l’UE en Espagne et au Portugal, des pays qui, comme le village d’Astérix et d’Obélix, résistent !

Mais la situation va évoluer au cours des prochaines années. En effet, les biotechnologies de deuxième génération (NGT), comme ce livre l’a souligné, autorisent encore plus d’espoirs dans le domaine de l’agriculture, de la médecine humaine et vétérinaire et du bien-être animal. Si un petit nombre de produits issus de NGT sont aujourd’hui commercialisés (domaine de la biofortificationalimentaire et des alicaments), les applications sont nombreuses à un stade de R&D qui permettront une mise en marché d’ici 5 à 10 ans.

Les brevets pris sur ces avancées technologiques seront déterminants pour l’indépendance agro-alimentaire ou pharmaceutique des pays.

Il existe une course mondiale au dépôt de brevets avec deux champions qui font jeu égal : la Chine et les États-Unis. La Chine, de manière avisée, a en effet développé une politique de recherche par l’envoi d’étudiants qui vont se former à l’étranger dans des laboratoires de pointe (États-Unis, Union européenne, Royaume-Uni, Canada, etc.) et reviennent au pays pour faire progresser les recherches dans le domaine. Elle a également encouragé le rachat de sociétés très avancées technologiquement, telle que la société suisse Syngenta par le consortium public ChemChina, pour créer des synergies qui lui permettent d’être un pays leader du secteur.

La France, mais aussi l’Union européenne, ne brillent pas par leur dynamisme dans ce secteur. Certes, des investissements de recherche sont réalisés au moyen de programmes-cadres européens pour la recherche et le développement technologique (PCRD), tels le PF7 (2007-2013) puis le H2020 (2014-2020) et aujourd’hui Horizon Europe (2021-2027), mais la concrétisation des résultats obtenus se fait ailleurs dans le monde. La faute en incombe à des lourdeurs administratives et surtout à une réglementation européenne disproportionnée par rapport aux risques encourus.

La Cour de Justice européenne (CJUE) a en effet statué qu’il fallait appliquer aux produits des biotechnologies de deuxième génération la réglementation OGM qui a été définie initialement en 1989-1990 puis consolidée en 2001 par la directive2001/18/CE. Cette directive, qui pouvait se concevoir en 2001, est aujourd’hui devenue obsolète en raison des progrès de la connaissance scientifique qui se sont produits depuis 20 ans. La décision de la CJUE place l’Union européenne en porte-à-faux, non seulement en termes de développement technologique, mais aussi en termes économiques de circulation des biens dans un marché globalisé. Voulons-nous, comme pour les OGM, refuser la culture des variétés génétiquement éditées (dont certaines modifications sont indétectables dans le produit fini) pour mieux les importer, et être ainsi à la remorque des pays qui, d’ailleurs, ne différencient pas, aujourd’hui, dans leurs cargaisons, les sojas ou les maïs OGM ou conventionnels qui arrivent mélangés ?

De nombreux pays se sont emparés des techniques d’édition du génome pour projeter leur développement, même quand leurs moyens sont limités. Des collaborations entre des institutions internationales et américaines et des laboratoires africains ont été nouées pour permettre à ce continent d’avoir des réponses adaptées aux conditions locales et à son environnement.

Le refus de ces avancées biotechnologiques conduira inéluctablement au déclin économique de l’UE. Le fait que la société Calyxt, filiale de la société française Cellectis (à l’origine une start-up de l’Institut Pasteur), ait dû s’américaniser pour poursuivre son essor en dit long sur les entraves qui existent dans notre pays pour permettre un développement économique prometteur.

Heureusement, la Commission européenne a ouvert une porte en avril 2021 pour que soit révisée la réglementation appliquée aux applications végétales, traitant à part les applications dans le domaine de la santé. Une consultation est en cours.

(1) Par exemple Hervé Kempf (2003), La Guerre secrète des OGM, Seuil; Jean-Paul Oury (2006) La querelle des OGM, PUF ; Jean-Paul Jaillette (2009) Sauvez les OGM, Hachette ; Gil Rivière-Wekstein (2012) Faucheurs de science, Le Publieur ; Marcel Kuntz (2014) OGM,la question politique, PUG ; Bernard Le Buanec (2016) Les OGM : pourquoi la France n’en cultive plus ?, Presses des Mines.

(2) François Fillon (2015) Faire, Albin Michel.

(3) Présidents de la République : en 2007 Nicolas Sarkozy et en 2020 Emmanuel Macron.

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Theo Lefevre

Dans le vaste océan du cyberespace, je suis Théo Lefèvre, un Journaliste Web captivé par les histoires qui se tissent à travers les fils numériques. Mon parcours à l'Université Américaine de Paris a façonné ma plume, tandis que mes curiosités se dévoilent à travers la science et la technologie, le monde des affaires, et l'athlétisme. Porté par mon passé de passionné de sport et d'économie, chaque article que je compose est un reflet transparent de mon engagement envers l'authenticité. Joignez-vous à moi pour explorer les méandres de l'innovation scientifique, les intrications du monde des affaires et les défis du terrain d'athlétisme, tout en partageant un voyage honnête et stimulant à travers mes écrits.

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