Divertissement

Grève à Hollywood: oui, “l’intelligence artificielle fera disparaître des … – lalibre.be


Parmi les fausses bandes-annonces de Barbenheimer qui ont proliféré cet été, il en est une créée à l’aide d’un logiciel d’intelligence artificielle (IA). Derrière le gag se cachait une promo opportuniste pour un tutoriel en ligne du logiciel Midjourney par un trio de startupeurs nommé Curious Refuge.

Ce trailer parodique est à la fois bluffant et rassurant : un internaute a ironisé dans un commentaire sur “la métamorphose de Matt Damon en Brad Pitt à mi-parcours” – preuve que les IA ont encore beaucoup à apprendre avant de pouvoir remplacer réalisateurs, acteurs et techniciens.

Ce qu’on appelle l’IA générative – des logiciels capables de créer de nouveaux textes et images à partir d’une multitude de références existantes – est en partie au cœur de la double grève des scénaristes et des acteurs à Hollywood.

Grève à Hollywood : quelles sont les perspectives ? “La route sera encore longue avant une résolution”

”Il est essentiel d’avoir un œil pour les œuvres que vous voulez créer” assure d’ailleurs le trio Curious Refuge. Le cursus de ces pionniers à de quoi rassurer : sur les neuf chapitres mentionnés, seuls trois portent sur l’utilisation (par des humains) d’un logiciel d’IA. Les six autres relèvent du B.A.-BA de la production d’un film : direction de la photographie, montage image, montage son, effets spéciaux et, même, distribution et promotion. Le but affiché de Curious Refuge est de “libérer le cinéaste qui sommeille en vous” – pas le robot.

Encore du chemin

De l’utilisation des IA à la suppression des métiers techniques, il y a encore du chemin, comme nous le confirme le Belge Charles De Meyer, réalisateur, monteur et créateur d’effets spéciaux. Il a signé notamment des clips vidéos pour Amon Tobin ou Shinedown (“Planet Zero” pour ces derniers a été nommé aux MTV Music Awards, l’an dernier).

Formé à l’école française de cinéma d’animation Supinfocom, Charles De Meyer utilise de longue date l’imagerie numérique. Pour le clip “Vipers Follow You” d’Amon Tobin (2019), il a imaginé et mis en image le ballet de milliers d’oiseaux. En soi, c’était déjà de l’IA ou de l’intelligence “augmentée” et non pas “artificielle” – jolie nuance.

”Ce ne sont que des outils” veut-il résumer, sans toutefois minimiser l’impact de cette nouvelle révolution technologique. Le commun des mortels en utilise déjà : rushes synchronisés sur les applications de montage vidéo sur tablette ou ordinateur, suppression ou d’insertion d’éléments dans une image dans Photoshop (ou équivalent)…

Oui, confirme Charles De Meyer “des métiers risquent de disparaître” avec la suppression des tâches intermédiaires et chronophages. Il cite en exemple une publicité sur laquelle il œuvre en cette rentrée : “A un instant, l’actrice qui est la protagoniste de la pub, doit se métamorphoser en personnage de jeu vidéo. L’insert est très bref à l’image, à peine une seconde. Avant, je me serais tourné vers un illustrateur ou un animateur pour créer cet avatar. Mais on aurait eu plusieurs allers-retours avec le client, le réalisateur etc. Cette fois, j’utilise un filtre dans un programme d’IA. C’est un gain de temps et de boulot.” Bien sûr, concède-t-il, on perd un peu en créativité. “Mais ce n’est pas l’enjeu” dans un tel travail de commande publicitaire.

L’IA ne travaille pas seule

L’an dernier, le musicien belge, Migou, a posté le clip de sa chanson “On a voulu”, un film d’animation généré par le logiciel StableDiffusion. Une question évidente d’économie pour un artiste autoproduit qui ne peut s’offrir une production honéreuse. Le résultat débouche sur une rêverie poétique un peu surréaliste. Quelque chose qui relève d’une forme de cadavre exquis visuel.

Le groupe électro-punk sud-africain Die Antwoord a utilisé le même logiciel pour son clip “Age of Illusion” – qui singe l’esthétique des films d’animation japonais. La vidéo est signée par Sagans, une artiste “qui rêve avec les machines”.

Car, il ne faut pas se leurrer : l’IA ne travaille pas seule. Tout qui a testé, par exemple, le fameux ChatGPT, le sait : la qualité du résultat tient à celle de la requête que l’on appelle dans le jargon un “prompt”. Et pour répondre à un “prompt”, quel qu’il soit, un logiciel d’IA ne peut que puiser dans sa banque de données.

”Nourrir” les IA

C’est un des enjeux au cœur des revendications des grévistes hollywoodiens, qui sont les premiers concernés par les velléités des géants des médias et du numérique de “nourrir” les IA avec leurs créations…

Mais cela nous concerne aussi quand nous autorisons les Gafam, via leurs conditions générales d’utilisation, à “améliorer leur performance” avec nos contenus (c’est, aussi, apprendre aux algorithmes de Google et cie à reconnaître un chat, un bébé au bain, une robe de mariée, une œuvre de la Renaissance…). Se pose en filigrane la question des droits d’auteur et du droit à l’image.

Faudra-t-il détruire les logiciels comme les luddistes ont voulu détruire les métiers à tisser il y a un peu plus de deux siècles ? Utopie, bien sûr : on n’arrête pas le progrès. Quant à la nature de celui-ci, il dépendra, comme toujours, des choix des utilisateurs et des règles collectives que l’on se fixera.

guillement

L’IA , dans quelques années, sur Netflix, ça sera peut être de demander à l’algorithme un film d’aventures avec Harrison Ford et Gale Gadot.

Charles De Meyer imagine trois pistes. “Récemment, avec des potes, on se demandait ce que serait le futur de l’intelligence artificielle au cinéma ? On s’est dit que, dans quelques années, sur Netflix, ça sera peut-être de demander à l’algorithme un film d’aventures avec Harrison Ford et Gale Gadot, une séquence de poursuite à Paris, mais où Harrison Ford ne se tape pas la fille à la fin. Et ça te générera le film en temps réel. Mais ça ne donnera pas forcément des bons films ou des films originaux. À l’inverse, tu auras toujours des artistes qui vont se révéler, qui ont un bagage, un savoir-faire et qui pousseront la technologie pour inventer de nouvelles formes et de nouveaux récits.”

Troisième cas de figure, “comme on le voit régulièrement en art ou en musique, par exemple avec le punk ou le grunge, il y aura un retour de flamme, avec des gens qui refuseront les IA parce qu’ils préfèrent être sur un plateau et tourner avec des humains”.

James Cameron, qui est pourtant loin d’être un technophobe, a, lui, déjà tranché : “Je ne crois tout simplement pas qu’un esprit désincarné qui ne fait que régurgiter ce que d’autres esprits incarnés ont créé puisse un jour produire quelque chose qui touchera le public” a-t-il déclaré récemment dans un entretien. Si c’est le créateur d’Avatar et de Terminator qui le dit…

Notre série : Hollywood en mutation



Source link

Hugo Dupuis

Dans un monde peint de nuances d'encre et d'imagination, je suis Hugo Dupuis, un Spécialiste du Blogging, en équilibre à la croisée de l'exploration et de l'expression. Avec les salles de l'Institut Catholique de Toulouse comme ma creuset créatif, j'ai forgé un chemin où les mots deviennent des fenêtres ouvertes sur des contrées indomptées. Du plateau géopolitique à la délicate tapisserie de la nature, de l'arène rugissante aux couloirs secrets du divertissement, mon clavier danse au rythme des histoires en attente d'être racontées. La transparence est mon étoile guide, illuminant chaque récit de la brillance de l'authenticité. Alors, entrez dans ce royaume d'encre et d'idées, alors que nous nous embarquons ensemble dans un voyage à travers le labyrinthe de la politique mondiale, la symphonie de l'environnement, le frisson du sport et l'énigme du showbiz.

Related Articles

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button